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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 23.1867

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Nr. 5
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Allard, Paul: L' art-department et l'enseignement du dessin dans les écoles anglaises
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https://doi.org/10.11588/diglit.19884#0406

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394

GAZETTE DES BEAUX-AKTS.

supériorité incontestable. Dès le commencement de notre histoire, nous
avons eu le bonheur de trouver une tradition d'art toute formée dans ces
puissantes traditions de la domination romaine, qui ont conservé tant
d'influence pendant tout le moyen âge français. Ainsi l'orfèvrerie, qui a
été l'art par excellence des bords de la Seine et des bords du Rhin, s'est
autant inspirée, pendant le cours du moyen âge, des modèles gallo-ro-
mains que des pièces byzantines qui étaient apportées par les ambassades.
On pourrait démêler la même influence dans les origines de presque tous
nos arts industriels. Une foule d'accidents heureux, au moins en ceci, sont
venus s'y joindre : ainsi, les invasions des Sarrasins au delà des Alpes nous
ont probablement apporté l'industrie des tapis. Les croisades, auxquelles
la France a pris à elle seule autant de part que toutes les nations de l'Eu-
rope réunies, ont encore ajouté de nouveaux éléments à l'imagination et
au goût de nos artisans, en leur révélant l'Orient, le pays par excellence
des arts industriels. Enfin la renaissance italienne, à laquelle nous nous
sommes si promptement trouvés mêlés, a donné la dernière forme à notre
éducation artistique. On sait quelle a été son influence sur le goût fran-
çais. Elle a fini par créer dans notre pays de nouveaux styles d'architec-
ture, d'ornementation, d'ameublement, et par s'installer en maîtresse
dans tous nos arts. Nulle part la renaissance n'a exercé une pareille
influence. En Angleterre, elle s'est trouvée tout de suite dépaysée. En
Espagne, elle a tour à tour fait produire au génie exubérant et sombre de
la nation deux styles, dont l'un, celui qui a régné sous Philippe II, pousse
la simplicité jusqu'à une austérité souvent glaciale, tandis que l'autre,
qui avait fleuri sous Charles-Quint, accablait au contraire les lignes anti-
ques, à peine retrouvées, sous une profusion d'ornements et de caprices.
11 n'y a qu'en France que la renaissance italienne ait, du premier coup,
pénétré partout sans rien forcer, et se soit assimilée complètement au
génie national. Ce qu'elle a fait pour l'architecture, ce qu'elle a fait dans
le domaine de l'art proprement dit, la peinture et la statuaire, elle l'a
fait plus encore dans le domaine des arts industriels, et elle nous a rendus
capables de porter sans rivaux pendant trois cents ans ce sceptre de l'in-
vention et du goût que l'Italie avait laissé tomber après le xvte siècle.

Cette supériorité, la France est-elle destinée à la conserver toujours?
Cela ne dépend plus que de nos efforts, car, désormais, les chances les
plus heureuses n'y peuvent plus rien. Aujourd'hui que les distances sont
comme supprimées, que les modèles de tous les pays ont été mis à la
portée de tous les peuples, que des procédés de plus en plus rapides et
économiques ont rendu facile la vulgarisation des chefs-d'œuvre de tous
les siècles, et que, de temps en temps, les industries du monde entier
 
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