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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 23.1867

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Nr. 5
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Allard, Paul: L' art-department et l'enseignement du dessin dans les écoles anglaises
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https://doi.org/10.11588/diglit.19884#0407

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L'ART-DEPARTMENT.

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sont appelées à de grandes assises où elles se jugent et s'enseignent réci-
proquement, les circonstances extérieures ne sauraient plus créer de pri-
vilège. Quand notre pays serait plein de tous les chefs-d'œuvre de l'art
antique, quelle supériorité cela lui assurerait-il pour l'avenir ? Aucune,
car, grâce aux moyens de reproduction presque miraculeux dont notre
siècle dispose, l'art de l'antiquité peut devenir aussi familier à celui qui
n'a jamais quitté les bords de la Tamise, qu'il l'est au Romain qui voit
tous les jours le Golisée, ou à l'Athénien qui vit en face de l'Acropole et
du Parthénon. Il en est de même de toutes ces bonnes fortunes de lieux, de
traditions, de voisinage, de relations plus fréquentes avec certains peu-
ples ou certaines parties du monde qui avaient une influence si puissante
autrefois. Aujourd'hui les chemins de fer, la mécanique, l'imprimerie, la
lithographie, la gravure, la photographie, ont égalisé toutes les chances,
et dans le grand combat que l'industrie se livre sur tous les points du
globe, le peuple que les circonstances favorisaient le plus il y a deux ou
trois cents ans ne peut plus compter aujourd'hui sur autre chose que
sur lui-même.

Ne nous endormons donc pas sur les bénéfices d'une situation qui
n'existe plus, et, à force de nous répéter à nous-mêmes que nous sommes
des Athéniens, prenons garde de nous laisser dépasser demain par ceux
que nous devancions hier. Ce serait l'éternelle histoire du lièvre et de la
tortue. Déjà, de l'avis des meilleurs juges, l'industrie des autres nations
de l'Europe a réalisé des progrès considérables, et elle n'est plus aussi
inférieure à la nôtre pour le goût qu'elle l'était il y a quinze ans. L'An-
gleterre en particulier, qui, pendant la première moitié de ce siècle, était
encore si loin de nous, nous suit aujourd'hui de bien près. N'est-elle pas
devenue notre égale dans le dessin et dans la distribution des couleurs
pour les étoffes? Ne sait-elle pas mettre en œuvre avec beaucoup d'art
les ressources infinies que lui offrent, pour la fabrication des beaux meu-
bles, les bois précieux de ses colonies de Vancouver, de l'Australie, de
la Tasmanie, de la Nouvelle-Zélande? Dans les faïences émaillées, cet art
que notre siècle a retrouvé, les produits de Min ton ne jouissent-ils pas
d'une célébrité européenne, et ne sont-ils pas arrivés à égaler, par un
éclectisme savant et charmant, la perfection des œuvres italiennes du
xv siècle et des fabriques françaises de Rouen et de Nevers ? Les Anglais
ne sont-ils pas maintenant des maîtres dans la fabrication des glaces et
dans celle des tapis? Sans aller aussi loin què les délégués des bijoutiers
français à l'Exposition de 1862, ne doit-on pas reconnaître que clans la
bijouterie riche ils sont au moins nos égaux? Je sais bien qu'ils ont attiré
dans leurs ateliers des multitudes d'ouvriers français, et que si beaucoup
 
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