Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 23.1867

DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:
Galichon, Émile: Les collections célèbres d'oeuvres d'art par M. Édouard Lièvre
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19884#0589

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LES COLLECTIONS CÉLÈBRES.

573

les grands maîtres de la Renaissance surent unir le style et la convenance? Tout le
monde, au contraire, sera enchanté, pendant les longues soirées de l'hiver, de pouvoir
facilement admirer, sans faveur à solliciter, l'élégant casque italien (à Mrae la baronne
Salomon de Rothschild) et le frontal (à M. le comte de Nieuwerkerke) que le cheval de
Charles-Quint dut porter dans de solennelles entrées de ville. En examinant la curieuse
horloge (à M. le baron James de Rothschild) signée S B et datée -1579, l'archéologue
constatera l'heureuse influence qu'Etienne de Laulne exerça longtemps en Allemagne;
comme en étudiant le meuble de M. le comte d'Armaillé, il retrouvera l'action puis-
sante que le florentin Rosso eut sur notre école. D'un goût plus particulièrement fran-
çais est le meuble du Louvre, si renommé pour ses excellentes proportions et son orne-
mentation exquise. Dans les bijoux, le xvic siècle excella; aussi M. Lièvre en a-t-il
reproduit plusieurs. De la collection de M. le comte de Nieuwerkerke, signalons un
collier et une monture d'escarcelle travaillée comme une œuvre de bijouterie, et de la
collection de Mme la baronne de Rothschild, des médailles richement montées pour être
portées au cou des hommes et un admirable bijou de femme, ciselé et émaillé avec une
telle perfection, qu'on peut, sans compromettre son jugement en matière de goût, en
attribuer l'exécution à Bonvenuto Cellini.

Le xvnc siècle conservera quelque temps les délicatesses du xvic, comme en font
foi les couteaux aux armes des Coligny et la superbe carabine qui appartient à M. le
comte de Nieuwerkerke. Sur cette arme on retrouve encore les pavillons légers qui
abritaient au xvi° siècle les dieux de la fable, les lambrequins et la flore de cette époque,
mais on y voit déjà apparaître de rigides motifs tirés de l'architecture compassée qui
s'imposera pendant tout le règne de Louis XIV. Bientôt les formes perdront leur grâce
et leur liberté-pour suivre des lignes qui, en visant à la majesté, tomberont souvent
dans la roideur et la lourdeur; puis le xvme siècle, fatigué de tant de dignité, rejettera
tous ces grands airs solennels. La fantaisie règne alors en maîtresse absolue; les lignes
ondoyantes se croisent, s'enchevêtrent et se brisent au mépris de toutes les lois. Une
licence pleine de vie reflète à merveille, dans le mobilier comme dans le costume,
l'insouciance de la société affolée de plaisirs. Boucher triomphe et fait pénétrer dans
tous les hôtels à la mode des légions d'amours qui asservissent les cœurs peu récalci-
trants des Laïs et des Adonis du xviiie siècle. Sur un éventail, à M. le docteur Piogey ;
sur un canapé, à M. Double, de gracieux amorini tressent des liens plus difficiles à
rompre que des chaînes de fer, des colombes roucoulent l'amour et une bergère met en
cage le tourtereau qu'elle a su apprivoiser. Que de secrets aimables a dû renfermer ce
charmant secrétaire, une des merveilles de la collection de M. le marquis d'Hertford !

Après tous ces chefs-d'œuvre et bien d'autres qu'il serait trop long d'énumérer,
l'Europe industrielle n'a rien à nous apprendre. De la Pologne, qui tient par le style
du dessin et le charme de la couleur plus à l'orient qu'à l'occident, nous admirerons
la superbe selle du prince Georges Lubomirski, actuellement en la possession de M-le
prince Czartoriski. Ses broderies en or qui se détachent sur un fond en velours rouge,
ses plaques d'argent doré, incrustées de turquoises, de jades et de rubis, accoutume-
ront nos yeux, habitués aux tons éteints, à regarder les pièces asiatiques si resplendis-
santes par leurs couleurs vives et harmonieuses.

Des pays orientaux, où la couleur s'enseigne comme chez nous le dessin, nous
trouvons un superbe plat de Perse, à M. Schwiter; la merveilleuse lampe de mos-
quée, du Louvre; un vase chinois, plus riche encore par son travail précieux que par
la richesse de ses pierres; un croc indien, que sa beauté exceptionnelle rendrait digne
 
Annotationen