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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 7.1873

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Nr. 2
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Delaborde, Henri: La gravure florentine au XVe siècle, 2, Les estampes des peintres-graveurs
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https://doi.org/10.11588/diglit.21409#0107

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LA GRAVURE FLORENTINE AU XVe SIÈCLE.

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le style florentins sont ici manifestes. Un autre qu’un artiste florentin
aurait-il tracé clés figures telles que le Marchand, le Chevalier, Clio, la
Rhétorique et surtout les deux figures intitulées Astrologia et Primo
mobile? images charmantes où, depuis les traits du visage jusqu’aux
moindres plis des draperies, chaque forme exprime le naturalisme
comme l’entendaient les successeurs de Masaccio aussi bien qu’un senti-
ment de l’idéal analogue à celui qui inspirait Botticelli. On ne rencontre
pas, à la vérité, partout la même exactitude et la même finesse. Des
incorrections assez graves, des disproportions enlaidissent ou faussent
l’aspect de certains types à ce point qu’il semble au moins difficile d’im-
puter au maître qui a su si bien définir Y Astrologie les erreurs com-
mises par le dessinateur de Calliope, cl’Euterpe, de Thalie. Les dessins
ayant servi de modèles aux gravures étaient donc très-probablement ou
plutôt très-certainement de différentes mains. On y reconnaît des talents
inégaux, une science plus ou moins sûre, mais on y sent au fond des
inspirations du même ordre, le dévouement aux mêmes croyances,
l’influence cl’une doctrine commune. Que plusieurs de ces modèles soient
dus, comme nous le pensons, au crayon de Botticelli lui-même, tandis
que certains autres, —- la plupart des Muses, par exemple, — semblent
avoir été fournis par des artistes beaucoup moins habiles, cela peut,
quant aux dehors, compromettre l’harmonie de l’ensemble, et cela y nuit
en effet. L’unité des tendances toutefois, les habitudes intimes d’un
groupe d’esprits se font jour sous ces apparences diverses, et là même
où les imperfections sont le plus évidentes, quelque chose subsiste encore
d’un art assez sain en soi, assez bien muni pour témoigner qu’il vient de
bon lieu et pour nous révéler une grande école.

S’il est permis d’affirmer que les figures composant la suite dite

éditeurs d’estampes françaises accompagnées d’un texte allemand ; il aurait usé d’un
procédé analogue à celui qu’employait dans le même siècle un imprimeur allemand
établi à Florence, Niccolo di Lorenzo délia Magna (c’est-à-dire Nicolas, fils de Lau-
rent, originaire d’Allemagne), dont e nom ainsi italianisé se trouve dans l’édition du
Dante de 1481. Peut-être aussi ces pièces qui, sans constituer un jeu de cartes, conti-
nuaient ou résumaient certaines traditions que les cartes avaient déjà popularisées,
peut-être ces imitations, ces souvenirs au moins des tarocchi que l’on fabriquait prin-
cipalement à Venise, devaient-ils, même en se produisant à Florence, garder quelque
chose des apparences et des habitudes consacrées ailleurs. Dans les Planètes, estampes
Lien florentines à coup sûr, plusieurs jeunes seigneurs portent des devises françaises
inscrites sur leurs vêtements, parce qu’au xve siècle notre langue .était celle de la
galanterie et de la chevalerie; pourquoi un recueil d’emblèmes renouvelés à quelques
égards des tarots vénitiens, n’aurait-il pas emprunté à la langue vénitienne une sorte
de titre commercial?
 
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