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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
tinction même; — le Duel, de Gaspardo Dizlani, le maître de Marieschi,
qui lui-même est représenté par six toiles décoratives, preuves éloquentes
de la fausseté des innombrables Marieschi que l’on met en vente ; ceux-ci
sont spirituels, lestement enlevés, pleins de brio : cela n’a trop ni queue
ni tête, mais c’est fait à souhait pour le plaisir des yeux.
Enfin une des principales et nobles compositions du Dominiquin, pro-
bablement le plus important de ses tableaux de chevalet, le Passage
de la mer Bouge.
YII.
En Français, toute une légion chez qui l’esprit pétillé plus que du
champagne.
J’en excepte toutefois l’austère et académique Simon Youet, à qui il
faut pardonner bien des toiles solennelles en faveur d’une Mère} bonne
étude d’une facture savante.
Abraham Bosse, le graveur, est un peintre qui a fort peu peint. Sa
série des Quatre Saisons, qui est très-personnelle, n’en est que plus
curieuse. 11 l’a gravée lui-même; les planches sont accompagnées de
vers caractéristiques et légèrement rabelaisiens.
Les quatre tableaux d’Abraham Bosse peignent à merveille leur
époque; ce Tourangeau est un piquant observateur et un franc coloriste.
Les fleurs de Baptiste sont dignes des fleurs de Blain de Fontenay, et
celles de Blain de Fontenay de celles de Baptiste. Le beau-père et le
gendre semblent avoir échangé leurs pinceaux pour exécuter deux de
leurs plus brillants panneaux décoratifs.
De François Le Moine, un Fleuve et des Néréides, traités avec la
noblesse qu’il apportait dans les grandes machines qui ont illustré son
nom.
De Chardin, des attributs, le Temple des Muses.
Autour de Boucher, tous les noms de la fin du xvme siècle qui
relèvent de lui à quelque titre que ce soit. Un beau dessus de porte, une
grisailleple Fragonard, et de Fragonard encore, la Lettre, que lit attentive
une jeune fille croquée en quelques coups de ce pinceau qui est l’adresse
même ; sur le châssis une main de femme a tracé ces mots : « La plume
serait inhabile à décrire le charme et la grâce répandu (sic) sur cette
délicieuse figure de Fragonard. »— De Càresme une vive Bacchanale ; rien,
absolument rien d’académique, mais c’est vivant, trop vivant peut-être,
diront les rigoristes; — d’Hubert Robert, deux Vues du jardin du marquis
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
tinction même; — le Duel, de Gaspardo Dizlani, le maître de Marieschi,
qui lui-même est représenté par six toiles décoratives, preuves éloquentes
de la fausseté des innombrables Marieschi que l’on met en vente ; ceux-ci
sont spirituels, lestement enlevés, pleins de brio : cela n’a trop ni queue
ni tête, mais c’est fait à souhait pour le plaisir des yeux.
Enfin une des principales et nobles compositions du Dominiquin, pro-
bablement le plus important de ses tableaux de chevalet, le Passage
de la mer Bouge.
YII.
En Français, toute une légion chez qui l’esprit pétillé plus que du
champagne.
J’en excepte toutefois l’austère et académique Simon Youet, à qui il
faut pardonner bien des toiles solennelles en faveur d’une Mère} bonne
étude d’une facture savante.
Abraham Bosse, le graveur, est un peintre qui a fort peu peint. Sa
série des Quatre Saisons, qui est très-personnelle, n’en est que plus
curieuse. 11 l’a gravée lui-même; les planches sont accompagnées de
vers caractéristiques et légèrement rabelaisiens.
Les quatre tableaux d’Abraham Bosse peignent à merveille leur
époque; ce Tourangeau est un piquant observateur et un franc coloriste.
Les fleurs de Baptiste sont dignes des fleurs de Blain de Fontenay, et
celles de Blain de Fontenay de celles de Baptiste. Le beau-père et le
gendre semblent avoir échangé leurs pinceaux pour exécuter deux de
leurs plus brillants panneaux décoratifs.
De François Le Moine, un Fleuve et des Néréides, traités avec la
noblesse qu’il apportait dans les grandes machines qui ont illustré son
nom.
De Chardin, des attributs, le Temple des Muses.
Autour de Boucher, tous les noms de la fin du xvme siècle qui
relèvent de lui à quelque titre que ce soit. Un beau dessus de porte, une
grisailleple Fragonard, et de Fragonard encore, la Lettre, que lit attentive
une jeune fille croquée en quelques coups de ce pinceau qui est l’adresse
même ; sur le châssis une main de femme a tracé ces mots : « La plume
serait inhabile à décrire le charme et la grâce répandu (sic) sur cette
délicieuse figure de Fragonard. »— De Càresme une vive Bacchanale ; rien,
absolument rien d’académique, mais c’est vivant, trop vivant peut-être,
diront les rigoristes; — d’Hubert Robert, deux Vues du jardin du marquis