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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

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Nr. 1
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Bonnaffé, Edmond: Sabba da Castiglione, [1]: notes sur la curiosité italienne a la renaissance
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https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0034

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28

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

comme un des graveurs les plus fameux et les plus occupés de son temps.
On connaît de lui plusieurs médailles citées par M. Armand et un magni-
fique coffret de cristal de roche conservé au musée de Naples.

D’autres se plaisent à orner leurs salles avec des tableaux, des cadres, des his-
toires et portraits de peinture de la main de Fra Filippo carmélite, de Mantegna, de
Giovanni Bellino, maîtres célèbres de leur temps et de très belles inventions; — ou
de la main de Léonard de Vinci, homme de grandissime génie, très excellent et très
fameux dans la peinture, élève de Verocchio, comme on le reconnaît à la douceur de
ses airs, et le premier inventeur des grandes figures prises à l’ombre des lampes1.
Excepté le Cenacolo de Sainte-Marie-des-Grâces à Milan (œuvre assurément divine et
fameuse par tout le monde), on rencontre peu d'ouvrages de sa main. Car, alors qu’il
devait continuer la peinture dans laquelle il aurait montré un nouvel Appelle, il se
donna tout entier à la géométrie, à l’architecture et à l’anatomie. Davantage il s’occupa
de modeler le cheval de Milan, auquel il employa seize années consécutives; et, certes,
la beauté de l’œuvre était telle qu’on ne pouvait dire qu’il ait perdu son temps ni sa
peine. Mais l’ignorance et l’incurie de certaines gens, lesquels, faute de connaître le
talent, le tiennent en nulle estime, ont laissé par la suite cet ouvrage tomber honteu-
sement en ruine. Et je vous le rappelle, et ce n’est pas sans douleur et déplaisir que
je le dis, une œuvre aussi noble et ingénieuse servit de cible aux arbalétriers gascons.

J'ai reproduit in extenso et traduit littéralement tout ce passage qui
a son importance. 11 s’agit, en effet, du modèle exécuté en terre pour
la statue équestre de François Sforza, commandée par Ludovic le More à
Léonard de Vinci; ce modèle, exposé à Milan sur la place du château,
en 1A93, à l’occasion du mariage de Bianca-Maria Sforza avec Maximilien,
ne fut jamais coulé en bronze2.

On vient de lire la version de Sabba sur la destruction de ce monu-
ment fameux; il est le premier et le seul contemporain qui en parle3.
Vasari, écrivant un demi-siècle après l’événement, assure que « le modèle
subsista jusqu’à l’entrée à Milan de Louis de France et des Français, qui le
mirent totalement en pièces, spezzarono tutto ». Gomme on le pense
bien, l’anecdote a fait son chemin; on a crié au vandalisme des armées
françaises, on a même accusé Louis XII de complicité. Suivant Perkins4,

\. Voir dans J.-P. Richter, Léonard de Vinci, Londres, 4 883, p. 69 et suiv., les
études de Léonard sur l’ombre et la lumière.

2. MM. le marquis Campori, le marquis d’Adda et Courajod ont publié ici môme
des notices pleines de recherches savantes sur ce monument célèbre. Gaz., XX,
XXV et XXVI, 2e période.

3. «Les paroles de Castidione ne sont confirmées par aucune autorité contempo-
raine, malgré les recherches faites en ce sens par Amoretti et Bossi. » (Marquis Cam-
pori, Ibid.)

4. Tome l0r, 220 et note, !rc édition.
 
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