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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

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Nr. 1
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Mantz, Paul: Rubens, 11
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https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0044

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38

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

y avait pourtant dans l’affaire quelque chose qui blessait les préjugés du
roi d’Espagne. Homme de l’ancienne école, il tenait pour les prérogatives
de la diplomatie officielle, et il ne voyait pas sans regret qu’un peintre,
personnage de peu de consistance, hombre de tan pocas obligarion.es,
fût chargé d’un si grand rôle dans des débats dont la solution intéressait
deux royaumes. C’est du moins ce que Philippe écrivait à l’Infànte le
15 juin 1627. Isabelle fut d’abord froissée du peu de cas que le roi sem-
blait faire de l’agent qui lui inspirait tant de confiance. Elle répondit spi-
rituellement que si Rubens n’était qu’un peintre, le représentant du roi
d’Angleterre, Balthazar Gerbier, n’était pas investi d’une qualité plus haute
et que, munis l’un et l’autre d’un mandat régulier, ils pourraient très
bien engager l’affaire. Les premières paroles échangées, on reviendrait
aux formes sacramentelles. Philippe IV, qui aimait la peinture et qui
en faisait, ne réclama plus; mais le comte-duc garda sa mauvaise
humeur et resta froid.

Pendant ce temps, Buckingham avait envoyé Gerbier en Hollande;
Rubens devait l’y rejoindre. Après s’être arrêté à Breda le 10 juillet, le
maître flamand, à la suite d’un rendez-vous manqué, revint à Anvers,
mais seulement pour quelques jours, car il arriva à Delft le 21. C’est là
qu’il vit Gerbier. Le 25, il était à Amsterdam. Naturellement, on parla
de ce voyage, on s’en émut, et, pour donner le change aux représentants
des nations étrangères, on y mêla la question d’art : on disait que Rubens
négociait avec l’envoyé de Buckingham la vente de sa collection de
marbres et de tableaux. Cette collection passait pour valoir une très forte
somme et une aussi grosse affaire ne pouvait se conclure sans un bout
d’entretien.

M. Gachard, à qui nous empruntons ces détails1, raconte que Rubens
et Gerbier passèrent huit jours ensemble, et il ajoute que pendant cette
semaine « la négociation qui leur tenait tant au cœur à l’un et à l’autre
fut peut-être la chose dont ils s’occupèrent le moins. » Us n’avaient garde
cependant d’oublier l’objet spécial de leur mission; ils échangèrent quel-
ques paroles qui, en raison de leurs pouvoirs limités, n’étaient que pré-
paratoires, mais qui, dès l’année suivante, aboutirent à des faits impor-
tants.

Je ne vois pas exactement quel jour Rubens rentra dans sa maison
d’Anvers. 11 y était de retour le 12 août, car à cette date il écrit à Dupuv
qu’il est tornato da fnori. L’histoire de ce voyage n’est pas très exacte-
ment connue, et je le regrette. Comment croire que Rubens, appelé en

1. Histoire politique et diplomatique de Rubens. (Bruxelles, 1877.)
 
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