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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

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Nr. 1
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Mantz, Paul: Rubens, 11
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https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0054

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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peintures, — il suffira de citer Y Adam et Eve du musée du Prado, —
que l’Anversois ne fut jamais un traducteur bien fidèle de l’élégance ita-
lienne. Qui osera dire cependant que ce travail ne lui ait pas été profi-
table? A tout âge on peut apprendre, et c’est même pour cela que les
passionnés trouvent la vie un peu courte. En copiant les Titien de Phi-
lippe IV, le peintre d’Anvers ne croyait pas perdre son temps.

Mais ce n’est pas seulement avec les morts illustres que Puibens eut
d’utiles entretiens. Dès les premiers jours de son arrivée à Madrid, il
s’était trouvé en présence d’un jeune homme de hère mine, qui, attaché au
service du roi, fut mis à la disposition du peintre flamand avec mission
de l’accompagner et de lui montrer les curiosités de la Cour. Ce cavalier
avait le droit de dire son sentiment sur les questions d’art : c’était Ve-
lâzquez.

Faut-il croire, comme Pachecole raconte, qu’avant de se rencontrer à
Madrid les deux maîtres avaient déjà échangé quelques lettres? Un beau-
père peut savoir la biographie de son gendre, et, si la correspondance dont
nous parle Pacheco n’est pas certaine, elle reste possible. Quoi qu’il en
soit, les relations entre le Flamand et l’Espagnol furent, dès le premier
jour, étroites et cordiales. Velâzquez avait alors vingt-neuf ans : depuis
1023, il était peintre ordinaire de Philippe IV, et bien qu’il n’eût encore
produit aucune de ses œuvres typiques, il avait déjà commencé cette
série de portraits où le roi est représenté d’une manière si fidèle. Velâz-
quez, qui ne vit l’Italie que l’année suivante, peignait alors les tableaux
réalistes de sa première manière, et il n’est pas besoin de dire avec quelle
curiosité passionnée et déférente il écouta le grand Rubens parlant de
l’assouplissement du pinceau et du charme fleuri des carnations lumi-
neuses.

Pacheco nous apprend que les deux peintres visitèrent ensemble le
monastère de l’Escorial et le palais du roi. Il est éternellement fâcheux
qu’aucun secrétaire n’ait dressé le procès-verbal de leurs conversations
devant les œuvres de Titien. On assure, et le fait est des plus vraisem-
blables, que c’est Rubens qui conseilla a Velâzquez d’aller voir l’Italie et
particulièrement Venise. Il est certain que, dès l’année suivante (10 août
1629), Velâzquez, se rappelant les recommandations du maître, s’embar-
quait à Barcelone et commençait le beau voyage qui devait avoir pour
résultat son affranchissement définitif1.

Velâzquez n’eut pas seulement le plaisir d’entendre parler Rubens,

1, Sur les relations des deux artistes, voir le Rubens diplomatico espanol de
M. Cruzada Villaamil (1874), et le 4e article de M. Paul Lefort sur Velâzquez. Gazette,
2e période, t. XXI, p. 122.
 
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