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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
salles sont écrasées par un plafond bas, vitré, en forme de vélum lumi-
neux, qui ne remplace pas avantageusement le large ciel des théâtres
grecs. Peut-être cet écrasement est-il voulu et destiné à augmenter la
sonorité de la salle ? L’expérience le démontrera.
D’autres salles, celle des délégations autrichienne et hongroise, celle
des archiducs, puis des chambres pour les ministres et les présidents,
des parloirs, etc., se groupent autour des deux salles principales. Leur
décor, plus sobre, est fait de peintures à fresque fixées de suite au fer
chaud par un procédé ingénieux, dit stuc à la fresque. Tous les différents
services de ce vaste ensemble sont bien distribués et dégagés.
Telle est, en somme, l’œuvre considérable de M. Hansen. Elle atteste
le grand savoir du maître et l’idéal élevé qu’il poursuit ; mais elle
démontre en même temps l’impuissance de la volonté la plus tenace et
de la foi la plus inébranlable à ressusciter utilement pour notre époque
los formes entières d’un art disparu.
Je n’en donnerai pour preuve dernière que la nécessité dans laquelle
s’est trouvé l'architecte de dissimuler sous l’apparence de colonnes déme-
surées d’ordre ionique, au sommet desquelles se groupent des figures
symboliques adossées, deux hautes cheminées indispensables qui domi-
nent étrangement les toitures lisses de ces monuments antiques jux-
taposés.
Tout autre est le nouvel Hôtel de Ville, tout autre est l’architecte qui
l’a conçu. Autant M. Hansen est grec absolu,autant le professeur Schmidt
est gothique convaincu1.
M. Schmidt est le Viollet-le-Duc de Vienne, où il a restauré avec une
grande science la vieille cathédrale de Saint-Étienne. En outre, il y a
construit depuis une vingtaine d’années des églises importantes : celle
des Lazaristes, à trois nefs et double transept; celle des Weissgarber (ou
mégissiers) avec une haute tour de 75 mètres; l’église paroissiale de
Brigittenau, dont l’extérieur est en briques avec une toiture en tuiles
émaillées de différentes couleurs; l’église de Fünfhaus, construite sur un
plan octogonal rayonnant. Toutes ces églises sont en style gothique. Nous
pourrions encore citer de M. Schmidt le Gymnase académique impérial,
dont la façade ogivale est ornée des écussons armoriés des divers pays
appartenant à la Couronne. Mais quels que soient les mérites certains de
ces œuvres précédentes, aucune n’égale l’importance et la valeur artis-
tique du nouvel Hôtel de Ville.
1. M. Hansen est Danois. M. Schmidt est Wurtembergeois ; il a été naturalisé
Autrichien et nommé citoyen honoraire de la ville de Vienne.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
salles sont écrasées par un plafond bas, vitré, en forme de vélum lumi-
neux, qui ne remplace pas avantageusement le large ciel des théâtres
grecs. Peut-être cet écrasement est-il voulu et destiné à augmenter la
sonorité de la salle ? L’expérience le démontrera.
D’autres salles, celle des délégations autrichienne et hongroise, celle
des archiducs, puis des chambres pour les ministres et les présidents,
des parloirs, etc., se groupent autour des deux salles principales. Leur
décor, plus sobre, est fait de peintures à fresque fixées de suite au fer
chaud par un procédé ingénieux, dit stuc à la fresque. Tous les différents
services de ce vaste ensemble sont bien distribués et dégagés.
Telle est, en somme, l’œuvre considérable de M. Hansen. Elle atteste
le grand savoir du maître et l’idéal élevé qu’il poursuit ; mais elle
démontre en même temps l’impuissance de la volonté la plus tenace et
de la foi la plus inébranlable à ressusciter utilement pour notre époque
los formes entières d’un art disparu.
Je n’en donnerai pour preuve dernière que la nécessité dans laquelle
s’est trouvé l'architecte de dissimuler sous l’apparence de colonnes déme-
surées d’ordre ionique, au sommet desquelles se groupent des figures
symboliques adossées, deux hautes cheminées indispensables qui domi-
nent étrangement les toitures lisses de ces monuments antiques jux-
taposés.
Tout autre est le nouvel Hôtel de Ville, tout autre est l’architecte qui
l’a conçu. Autant M. Hansen est grec absolu,autant le professeur Schmidt
est gothique convaincu1.
M. Schmidt est le Viollet-le-Duc de Vienne, où il a restauré avec une
grande science la vieille cathédrale de Saint-Étienne. En outre, il y a
construit depuis une vingtaine d’années des églises importantes : celle
des Lazaristes, à trois nefs et double transept; celle des Weissgarber (ou
mégissiers) avec une haute tour de 75 mètres; l’église paroissiale de
Brigittenau, dont l’extérieur est en briques avec une toiture en tuiles
émaillées de différentes couleurs; l’église de Fünfhaus, construite sur un
plan octogonal rayonnant. Toutes ces églises sont en style gothique. Nous
pourrions encore citer de M. Schmidt le Gymnase académique impérial,
dont la façade ogivale est ornée des écussons armoriés des divers pays
appartenant à la Couronne. Mais quels que soient les mérites certains de
ces œuvres précédentes, aucune n’égale l’importance et la valeur artis-
tique du nouvel Hôtel de Ville.
1. M. Hansen est Danois. M. Schmidt est Wurtembergeois ; il a été naturalisé
Autrichien et nommé citoyen honoraire de la ville de Vienne.