SABBA DA CASTIGLIONE. U7
neaux de marqueterie du même travail et probablement de la même
main.
Fra Damiano de Bergame, pour lequel Sabba professe un enthou-
siasme qui se traduit par une grande page de texte que je n’ai pas cru
devoir reproduire, perfectionna les procédés de son confrère et les ap-
pliqua aux figures et aux paysages. Son chef-d’œuvre est la boiserie de
San-Domenico de Bologne. On raconte que Charles-Quint admirant un de
ses ouvrages, la châsse de saint Dominique, ne voulut jamais croire
qu’elle fût composée de pièces de rapport; on fut obligé, pour le con-
vaincre, d’enlever un morceau qui depuis, en mémoire de l’événement,
ne fut jamais remis en place i. Sabba fait peut-être allusion à cette anec-
dote.
Fra Damiano est-il venu en France? Un magnifique panneau de mar-
queterie, jadis placé sur l’autel de la chapelle de la Bâtie en Forez, re-
construite au xvie siècle par Claude d’Urfé, porte l’inscription : Frater
Damianus conversus B erg ornas ^ ordinis Prœdicatorum, faciebat mdxlviii.
Un autre panneau de la même provenance est signé : Francisci Orlan-
dini Veronensis opas, 15Û7. Ces beaux échantillons de marqueterie ita-
lienne appartiennent aujourd’hui à M. Emile Peyre, ainsi que les autres
boiseries de la chapelle de la Bâtie. Claude d’Urfé fut ambassadeur de
Henri II au concile de Trente et à Borne; il a bien pu profiter de son
séjour en Italie pour commander sur place la décoration de sa chapelle,
et rien ne prouve que Fra Damiano soit venu l’exécuter en France.
Mgr le duc d’Aumale conserve, dans la bibliothèque de Chantilly, une
série de panneaux de marqueterie venant d’Écouen. Ces panneaux, qui
représentent les apôtres, paraissent de la même époque que les ouvrages
de Damiano; le travail en est excellent et la main française.
Il y en a qui ornent leur cabinet avec des estampes sur cuivre et sur bois, d’Italie
et d’ailleurs, surtout avec celles qui viennent d’Allemagne et principalement celles
d'Albert Durer, lequel n’est pas seulement très excellent, mais divin, dans le travail
du burin, ou celles de Lucas (de Leyde), son élève, lequel se rapproche beaucoup de
son grand maître.
Voilà quelques lignes un peu sommaires sur le compte des graveurs
de la Renaissance, et l’on peut s’étonner que Castiglione ne nomme pas
un seul Italien. Mais nous verrons tout à l’heure que notre Milanais,
lents dessins de la sacristie de Santa-Maria in Organo et du cierge pascal, dans son
Architecture du 7« au XVII* siècle.
4. Sur Fra Damiano, voir Vasari, Vie de Fr. Salviati, et Yincenzo Marchese,
1 piu insigni arte/ici delV ordine Domenicano, Firenze.
neaux de marqueterie du même travail et probablement de la même
main.
Fra Damiano de Bergame, pour lequel Sabba professe un enthou-
siasme qui se traduit par une grande page de texte que je n’ai pas cru
devoir reproduire, perfectionna les procédés de son confrère et les ap-
pliqua aux figures et aux paysages. Son chef-d’œuvre est la boiserie de
San-Domenico de Bologne. On raconte que Charles-Quint admirant un de
ses ouvrages, la châsse de saint Dominique, ne voulut jamais croire
qu’elle fût composée de pièces de rapport; on fut obligé, pour le con-
vaincre, d’enlever un morceau qui depuis, en mémoire de l’événement,
ne fut jamais remis en place i. Sabba fait peut-être allusion à cette anec-
dote.
Fra Damiano est-il venu en France? Un magnifique panneau de mar-
queterie, jadis placé sur l’autel de la chapelle de la Bâtie en Forez, re-
construite au xvie siècle par Claude d’Urfé, porte l’inscription : Frater
Damianus conversus B erg ornas ^ ordinis Prœdicatorum, faciebat mdxlviii.
Un autre panneau de la même provenance est signé : Francisci Orlan-
dini Veronensis opas, 15Û7. Ces beaux échantillons de marqueterie ita-
lienne appartiennent aujourd’hui à M. Emile Peyre, ainsi que les autres
boiseries de la chapelle de la Bâtie. Claude d’Urfé fut ambassadeur de
Henri II au concile de Trente et à Borne; il a bien pu profiter de son
séjour en Italie pour commander sur place la décoration de sa chapelle,
et rien ne prouve que Fra Damiano soit venu l’exécuter en France.
Mgr le duc d’Aumale conserve, dans la bibliothèque de Chantilly, une
série de panneaux de marqueterie venant d’Écouen. Ces panneaux, qui
représentent les apôtres, paraissent de la même époque que les ouvrages
de Damiano; le travail en est excellent et la main française.
Il y en a qui ornent leur cabinet avec des estampes sur cuivre et sur bois, d’Italie
et d’ailleurs, surtout avec celles qui viennent d’Allemagne et principalement celles
d'Albert Durer, lequel n’est pas seulement très excellent, mais divin, dans le travail
du burin, ou celles de Lucas (de Leyde), son élève, lequel se rapproche beaucoup de
son grand maître.
Voilà quelques lignes un peu sommaires sur le compte des graveurs
de la Renaissance, et l’on peut s’étonner que Castiglione ne nomme pas
un seul Italien. Mais nous verrons tout à l’heure que notre Milanais,
lents dessins de la sacristie de Santa-Maria in Organo et du cierge pascal, dans son
Architecture du 7« au XVII* siècle.
4. Sur Fra Damiano, voir Vasari, Vie de Fr. Salviati, et Yincenzo Marchese,
1 piu insigni arte/ici delV ordine Domenicano, Firenze.