M. FÉLIX BRACQUEMOND.
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veaux qui en découlent, et marier le sentiment français à l’esthétique
japonaise. Dans certaines pièces de céramique de sa composition il est
aisé de découvrir une double genèse de conception : le décor est visible-
ment inspiré de l’art japonais; la grâce légère du dessin, le caractère
imprévu et irrationnel de la composition accusent hautement cette ori-
gine exotique. Mais si la pensée est japonaise, certains signes permettent
d’établir qu’elle a germé dans un cerveau français : le choix des motifs,
empruntés à des espèces naturelles de notre pays, et certaine préoc-
cupation de balancer l’ensemble suivant les lois de l’équilibre auxquelles
sont façonnés nos yeux occidentaux. v
Nous avons terminé, mais notre sujet est loin d’être épuisé. L’esprit
fertile et inventif de M. Bracquemond, en éveil sur toutes les variétés que
comporte la production artistique, particulièrement dans les arts qui
relèvent de l’industrie, nous entraînerait au delà de la mesure permise,
s’il fallait tout raconter. Nous pourrions encore signaler, dans sa carrière
si bien remplie, d’originales et heureuses tentatives pour rénover l’art du
papier peint, de la tapisserie, et bien d’autres essais qui, abandonnés par
lui, n’ont pas été perdus pour tout le monde. Nous nous en tiendrons là.
Ce que nous avons dit du peintre, du graveur et du céramiste suffira,
croyons-nous, à établir que cette originale figure d’artiste méritait une
étude spéciale dans la Gazette. La nature des travaux de M. Bracque-
mond, dont beaucoup sont anonymes, le caractère un peu sévère de son
talent, sa vie passée dans une sorte de retraite, loin du monde et des
journalistes qui dispensent la célébrité, l’ont empêché de conquérir la
grande réputation qu’il devrait avoir. Nous nous estimons heureux
d’avoir été appelé à lui rendre justice, et notre satisfaction a été grande
d’apprendre, au milieu de notre travail, que nous n’étions pas seuls à
fêter son talent, puisque les artistes, ses confrères, lui accordaient la
seule médaille d’honneur que le jury du Salon ait décernée cette année.
ALFRED DE L0STAL0T.
XXX. — 2e PERIODE.
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veaux qui en découlent, et marier le sentiment français à l’esthétique
japonaise. Dans certaines pièces de céramique de sa composition il est
aisé de découvrir une double genèse de conception : le décor est visible-
ment inspiré de l’art japonais; la grâce légère du dessin, le caractère
imprévu et irrationnel de la composition accusent hautement cette ori-
gine exotique. Mais si la pensée est japonaise, certains signes permettent
d’établir qu’elle a germé dans un cerveau français : le choix des motifs,
empruntés à des espèces naturelles de notre pays, et certaine préoc-
cupation de balancer l’ensemble suivant les lois de l’équilibre auxquelles
sont façonnés nos yeux occidentaux. v
Nous avons terminé, mais notre sujet est loin d’être épuisé. L’esprit
fertile et inventif de M. Bracquemond, en éveil sur toutes les variétés que
comporte la production artistique, particulièrement dans les arts qui
relèvent de l’industrie, nous entraînerait au delà de la mesure permise,
s’il fallait tout raconter. Nous pourrions encore signaler, dans sa carrière
si bien remplie, d’originales et heureuses tentatives pour rénover l’art du
papier peint, de la tapisserie, et bien d’autres essais qui, abandonnés par
lui, n’ont pas été perdus pour tout le monde. Nous nous en tiendrons là.
Ce que nous avons dit du peintre, du graveur et du céramiste suffira,
croyons-nous, à établir que cette originale figure d’artiste méritait une
étude spéciale dans la Gazette. La nature des travaux de M. Bracque-
mond, dont beaucoup sont anonymes, le caractère un peu sévère de son
talent, sa vie passée dans une sorte de retraite, loin du monde et des
journalistes qui dispensent la célébrité, l’ont empêché de conquérir la
grande réputation qu’il devrait avoir. Nous nous estimons heureux
d’avoir été appelé à lui rendre justice, et notre satisfaction a été grande
d’apprendre, au milieu de notre travail, que nous n’étions pas seuls à
fêter son talent, puisque les artistes, ses confrères, lui accordaient la
seule médaille d’honneur que le jury du Salon ait décernée cette année.
ALFRED DE L0STAL0T.
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