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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

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Nr. 3
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Mantz, Paul: Exposition rétrospective de Rouen
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https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0218

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

sagesse relative, sont d’un Pompadour absolu, et particulièrement de l’ins-
tant précis où la marquise commence à s’intéresser à Yien et aux timides
réactionnaires qui vont mettre un peu de niaiserie dans l’idéal. Si je
consultais Diderot, il ne m’autoriserait pas à tenir un pareil langage, car
lorsque le Pygmalion de Falconet parut au Salon de 1763, le bouillant
critique s’exalta beaucoup. On se souvient de son délire: « Si ce groupe,
enfoui sons la terre pendant quelques milliers d’années, venait d’en être
tiré avec le nom de Phidias en grec, brisé, mutilé dans les pieds, dans
les bras, je le regarderais en admiration et en silence. » Phidias et Fal-
conet, c’est le plus imprévu des accouplements. Mais il faut rendre jus-
tice à Diderot : lorsque l’amitié était en cause, il a toujours ignoré l’art
de ne pas se compromettre.

Les statuaires font bon ménage avec leurs camarades les médailleurs,
j’entends les anciens, ceux qui coulaient le métal au lieu de le frapper
sèchement dans une matrice implacable. A Rouen, les médailles ne sont
pas en très grand nombre, mais elles sont bien choisies. Sans appauvrir
sa collection parisienne, où abondent tant de merveilles, M. Gustave Dreyfus
a pu envoyer au palais des Consuls quelques types de l’admirable habi-
leté des médailleurs italiens. M. Dutuit et d’autres encore n’ont pas été
moins généreux. Les pièces qu’ils exposent sont toutes connues et plusieurs
d’entre elles ont été gravées dans la Gazette; mais on a plaisir à revoir,
parmi les productions d’artistes français, la médaille de Louis XII et
d’Anne de Bretagne, celle qui leur fut offerte à Lyon en 1499. On peut
également considérer comme des œuvres françaises les grands médaillons
anonymes qui font revivre, avec un si fin sentiment du portrait, les ressem-
blances de Henri II, de Catherine de Médicis et de Charles IX. Enfin, on
retrouve à l’exposition un superbe exemplaire du médaillon où Dupré a
représenté Henri IV et Marie de Médicis. C’est du Porbus pour l’intimité
de l’accent, mais du Porbus onctueux et assoupli. On les sait par cœur,
ces médailles, et on les regarde toujours.

Il semble que, dans la pensée première des organisateurs de l’exposi-
tion, la peinture ne devait d’abord être qu’un accessoire, le meublant
décor d’une muraille dont il fallait parer la nudité. Elle figure cependant
avec honneur au palais des Consuls, et elle nous donne même l’émotion
de l’inattendu. On a beau être un homme raisonnable, il est impossible de
ne pas éprouver un frémissement lorsqu’on se trouve en présence d’un
tableau français du xtv6 siècle.

Ce tableau, la Vierge et l'Enfant, est une peinture sur fond d’or.
(Cabinet de M. Gaston Le Breton.) Ainsi que l’a dit M. Darcel, l’œuvre a
de loin un caractère un peu hybride, avec un reste d’influence byzantine
 
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