GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
SA 8
■Gemma, à Meliolus, à Sperandio ; Milan à Amadeo et à Pietro ; la Dal-
matie à Paul de Piaguse et à François de Laurana. A Florence, au con-
traire, les médailleurs n’apparaissent que verslZiGO1.
Longtemps, frappé de certaines analogies entre la manière de procé-
der de Vittore Pisano et de Piero délia Francesca, j’ai cherché quelle
■chaîne mystérieuse pouvait unir le maître de Vérone à celui de Borgo San-
Sepolcro. Vasari parle de leçons données à Pisanello par Andrea del
Castagno ; il assigne, d’autre part, pour maître à Piero le collaborateur
cl’Andrea, Domenico Yeneziano. Mais cette piste doit être abandonnée :
un simple rapprochement de dates suffit à établir que Pisanello n’a pu
■étudier chez Andrea del Castagno. Par contre, la plus ancienne médaille
à date certaine du Pisan étant de 1Ù39, on pourrait à la rigueur
admettre qu’il a subi l’influence des artistes florentins de passage dès
cette époque dans la haute Italie. Milan avait reçu la visite de Brunellesco
en 1A22 ou 1A23 et, de nouveau, entre les années 1/i31 et 1/i36 ; Casti-
glione d’Olona celle de Masolino entre 1/i20 et 1435 ; Padoue celle de Fra
Filippo Lippi en 1434. Mais n’est-il pas plus vraisemblable de supposer
que Pisano avait puisé à la source même de la Renaissance, à Rome, où
nous le trouvons fixé à partir de 1431 ?
Pisanello s’est essayé plusieurs fois dans l’interprétation de l’antique.
Un dessin du musée du Louvre, publié par M. de Tauzia, nous montre un
homme nu brandissant une -massue contre une femme très peu vêtue,
dont les cheveux sont relevés à la mode romaine. Un autre dessin, au
musée de Berlin, représente, d’un côté, deux femmes copiées d’après l’an-
tique; de l’autre, une divinité couchée, nue jusqu’à la ceinture et tenant
une corne d’abondance; près d’elle, un Eros nu, debout, les jambes
■croisées, s’appuie sur son arc. L’amour de la vérité me force à déclarer
que ces tentatives nous révèlent d’ailleurs une main peu familiarisée avec
l’interprétation soit des formes, soit des idées propres à l’art grec ou
.romain.
Comme ses émules florentins, Pisanello s’est fait le missionnaire de
la Renaissance à travers l’Italie ; il colporte ses doctrines, c’est-à-dire son
.réalisme, du nord au midi, de Vérone à Mantoue, de Pavie à Venise, de
Rome à Naples.
Il est temps de retourner à Padoue. La Renaissance y est à ce mo-
ment moins avancée qu’à Vérone, au point de vue de l’interprétation de
la nature, plus avancée si l’on s’attache à l’étude de l’antique. Son repré-
sentant le plus connu, le Squarcione, y impose à ses innombrables élèves
\. Yoy. Les Précurseurs de la Renaissance, p. 43.
SA 8
■Gemma, à Meliolus, à Sperandio ; Milan à Amadeo et à Pietro ; la Dal-
matie à Paul de Piaguse et à François de Laurana. A Florence, au con-
traire, les médailleurs n’apparaissent que verslZiGO1.
Longtemps, frappé de certaines analogies entre la manière de procé-
der de Vittore Pisano et de Piero délia Francesca, j’ai cherché quelle
■chaîne mystérieuse pouvait unir le maître de Vérone à celui de Borgo San-
Sepolcro. Vasari parle de leçons données à Pisanello par Andrea del
Castagno ; il assigne, d’autre part, pour maître à Piero le collaborateur
cl’Andrea, Domenico Yeneziano. Mais cette piste doit être abandonnée :
un simple rapprochement de dates suffit à établir que Pisanello n’a pu
■étudier chez Andrea del Castagno. Par contre, la plus ancienne médaille
à date certaine du Pisan étant de 1Ù39, on pourrait à la rigueur
admettre qu’il a subi l’influence des artistes florentins de passage dès
cette époque dans la haute Italie. Milan avait reçu la visite de Brunellesco
en 1A22 ou 1A23 et, de nouveau, entre les années 1/i31 et 1/i36 ; Casti-
glione d’Olona celle de Masolino entre 1/i20 et 1435 ; Padoue celle de Fra
Filippo Lippi en 1434. Mais n’est-il pas plus vraisemblable de supposer
que Pisano avait puisé à la source même de la Renaissance, à Rome, où
nous le trouvons fixé à partir de 1431 ?
Pisanello s’est essayé plusieurs fois dans l’interprétation de l’antique.
Un dessin du musée du Louvre, publié par M. de Tauzia, nous montre un
homme nu brandissant une -massue contre une femme très peu vêtue,
dont les cheveux sont relevés à la mode romaine. Un autre dessin, au
musée de Berlin, représente, d’un côté, deux femmes copiées d’après l’an-
tique; de l’autre, une divinité couchée, nue jusqu’à la ceinture et tenant
une corne d’abondance; près d’elle, un Eros nu, debout, les jambes
■croisées, s’appuie sur son arc. L’amour de la vérité me force à déclarer
que ces tentatives nous révèlent d’ailleurs une main peu familiarisée avec
l’interprétation soit des formes, soit des idées propres à l’art grec ou
.romain.
Comme ses émules florentins, Pisanello s’est fait le missionnaire de
la Renaissance à travers l’Italie ; il colporte ses doctrines, c’est-à-dire son
.réalisme, du nord au midi, de Vérone à Mantoue, de Pavie à Venise, de
Rome à Naples.
Il est temps de retourner à Padoue. La Renaissance y est à ce mo-
ment moins avancée qu’à Vérone, au point de vue de l’interprétation de
la nature, plus avancée si l’on s’attache à l’étude de l’antique. Son repré-
sentant le plus connu, le Squarcione, y impose à ses innombrables élèves
\. Yoy. Les Précurseurs de la Renaissance, p. 43.