JOURNAL DU VOYAGE DU CAVALIER BERNIN EN FRANCE. 471
A quelque temps de là est venu M. Colbert qui a dit à l’abbé Butti de dire au
Cavalier qu’il n’avait qu’à dire ce qu’il voulait de l’honneur de la cérémonie,
et qu'on le lui donnerait. En même temps le Roi ayant envoyé demander si
tout était prêt, l'on a dit qu’oui. Varin était là tenant sa médaille qu’il avait
dès le matin apporté montrer au Cavalier, qui lui avait dit qu’elle avait trop
de relief. 11 lui avait répondu que c’était le goût de M. Colbert, qu'il était bien
aise que M. le Cavalier dît qu’il les fallait de relief fort bas, pour ce que
c’était aussi son avis. 11 avait aussi les deux plaques de cuivre contenant les
inscriptions, elles ont été posées l’une d’un côté, l’autre de l’autre, dans l’en-
chassure d’un marbre carré et entre les deux la médaille qui est du prix de
cinq cents écus. 11 y avait là une truelle d’argent, aussi les armes du Roi, un
marteau et deux pinces. M. Colbert a tenu quelque temps une toise, puis l’a
baillée à M. Perrault et ne l’a pas reprise depuis. Le Roi a fait accueil au
Cavalier et a considéré l’appareil de la cérémonie. M. Colbert a présenté à Sa
Majesté la médaille, qui l’ayant considérée et fait voir à quelques-uns près
d’elle, l’a mise dans la place qui lui était destinée. Le Cavalier ensuite a pré-
senté la truelle à Sa Majesté, après avoir pris dessus du mortier dans un grand
bassin d’argent qui était là. Le Roi l’ayant prise a mis ce mortier dans l’en-
chassurede la pierre de marbre. M. le maréchal de uramont étant survenu, le
Roi a fait tirer la médaille qui était déjà posée pour la lui faire voir. Il a fallu
pour cela chercher un compas, pour avec la pointe la tirer du lieu où elle
avait été mise. Le maréchal l’a considérée d’un côté et d’autre, et le Roi après
l’ayant remise en sa place, l’on a posé une grande pierre sur celle de marbre
où le Cavalier a mis quelques truelles de mortier. Villedot a baillé au Roi le
marteau avec lequel Sa Majesté a donné quelques coups, puis avec les pinces
l’on a accommodé la pierre posée pour couvrir 'celle de marbre. La cérémonie
finie, le Roi s’en est allé. Le Cavalier et le signor Mathie, qui a toujours été
auprès de lui durant qu’elle a duré, s’en sont allés au carrosse avec l’abbé
Butti. Cependant il s’est mu une contestation pour tous ces outils. Pietro qui
est au signor Mathie les voulait avoir, tenant la truelle et tiraillant pour avoir
le marteau des mains de Villedot; Bergeron voulait lui ôter cette truelle,
l’estafier du Cavalier l’en empêchait. II est survenu force gens pour les entre-
preneurs. J’ai dit aux uns et aux autres que M. Colbert réglerait cela ; qu’ils
laissassent ces outils aux gens du Cavalier, ce qu’ils refusaient de faire. Alors
je leur ai dit de me les bailler à moi, comme en dépôt, en attendant que
M. Colbert en eût décidé. J’ai donc apporté ces outils dans le carrosse du
Cavalier. Après cette contestation, il y en a eu d’autres; car le Roi ayant fait
faire largesse de cent pistoles en pièces de 30 s., de 15 s. et de 5 s. qui ont
été jetées dans la fondation, ç’a été une mêlée furieuse de manœuvres, de
travailleurs et même de soldats pour ramasser cet argent.
Après le dîner, le Cavalier s’est occupé à ombrer son dessin de Vierge,
et vers le soir est sorti pour aller voir M. de Ménars que nous n’avons
point trouvé. De là, j’ai mené le Cavalier chez Bourdon. J’oubliais à dire
que pendant que je voyais dessiner le Cavalier, il m’a dit qu’une des choses
à quoi il pensait davantage, c’était quand il prendrait congé du Roi, de
le remercier de la grâce qu’il lui avait faite de me mettre auprès de lui,
et de dire à Sa Majesté combien j’avais eu de soin et d’affection de l’assister,
A quelque temps de là est venu M. Colbert qui a dit à l’abbé Butti de dire au
Cavalier qu’il n’avait qu’à dire ce qu’il voulait de l’honneur de la cérémonie,
et qu'on le lui donnerait. En même temps le Roi ayant envoyé demander si
tout était prêt, l'on a dit qu’oui. Varin était là tenant sa médaille qu’il avait
dès le matin apporté montrer au Cavalier, qui lui avait dit qu’elle avait trop
de relief. 11 lui avait répondu que c’était le goût de M. Colbert, qu'il était bien
aise que M. le Cavalier dît qu’il les fallait de relief fort bas, pour ce que
c’était aussi son avis. 11 avait aussi les deux plaques de cuivre contenant les
inscriptions, elles ont été posées l’une d’un côté, l’autre de l’autre, dans l’en-
chassure d’un marbre carré et entre les deux la médaille qui est du prix de
cinq cents écus. 11 y avait là une truelle d’argent, aussi les armes du Roi, un
marteau et deux pinces. M. Colbert a tenu quelque temps une toise, puis l’a
baillée à M. Perrault et ne l’a pas reprise depuis. Le Roi a fait accueil au
Cavalier et a considéré l’appareil de la cérémonie. M. Colbert a présenté à Sa
Majesté la médaille, qui l’ayant considérée et fait voir à quelques-uns près
d’elle, l’a mise dans la place qui lui était destinée. Le Cavalier ensuite a pré-
senté la truelle à Sa Majesté, après avoir pris dessus du mortier dans un grand
bassin d’argent qui était là. Le Roi l’ayant prise a mis ce mortier dans l’en-
chassurede la pierre de marbre. M. le maréchal de uramont étant survenu, le
Roi a fait tirer la médaille qui était déjà posée pour la lui faire voir. Il a fallu
pour cela chercher un compas, pour avec la pointe la tirer du lieu où elle
avait été mise. Le maréchal l’a considérée d’un côté et d’autre, et le Roi après
l’ayant remise en sa place, l’on a posé une grande pierre sur celle de marbre
où le Cavalier a mis quelques truelles de mortier. Villedot a baillé au Roi le
marteau avec lequel Sa Majesté a donné quelques coups, puis avec les pinces
l’on a accommodé la pierre posée pour couvrir 'celle de marbre. La cérémonie
finie, le Roi s’en est allé. Le Cavalier et le signor Mathie, qui a toujours été
auprès de lui durant qu’elle a duré, s’en sont allés au carrosse avec l’abbé
Butti. Cependant il s’est mu une contestation pour tous ces outils. Pietro qui
est au signor Mathie les voulait avoir, tenant la truelle et tiraillant pour avoir
le marteau des mains de Villedot; Bergeron voulait lui ôter cette truelle,
l’estafier du Cavalier l’en empêchait. II est survenu force gens pour les entre-
preneurs. J’ai dit aux uns et aux autres que M. Colbert réglerait cela ; qu’ils
laissassent ces outils aux gens du Cavalier, ce qu’ils refusaient de faire. Alors
je leur ai dit de me les bailler à moi, comme en dépôt, en attendant que
M. Colbert en eût décidé. J’ai donc apporté ces outils dans le carrosse du
Cavalier. Après cette contestation, il y en a eu d’autres; car le Roi ayant fait
faire largesse de cent pistoles en pièces de 30 s., de 15 s. et de 5 s. qui ont
été jetées dans la fondation, ç’a été une mêlée furieuse de manœuvres, de
travailleurs et même de soldats pour ramasser cet argent.
Après le dîner, le Cavalier s’est occupé à ombrer son dessin de Vierge,
et vers le soir est sorti pour aller voir M. de Ménars que nous n’avons
point trouvé. De là, j’ai mené le Cavalier chez Bourdon. J’oubliais à dire
que pendant que je voyais dessiner le Cavalier, il m’a dit qu’une des choses
à quoi il pensait davantage, c’était quand il prendrait congé du Roi, de
le remercier de la grâce qu’il lui avait faite de me mettre auprès de lui,
et de dire à Sa Majesté combien j’avais eu de soin et d’affection de l’assister,