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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

DOI issue:
Nr. 6
DOI article:
Sédille, Paul: L' architecture moderne à Vienne, 3
DOI article:
Saladin, Henri: L' art du Moyen Âge dans la Pouille, 3
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0558

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520

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

têtes humaines et de nervures très élégantes ; les colonnes prismatiques
qui les supportent sont posées sur deux éléphants au-dessous desquels se
dessinent deux consoles très décorées d’entrelacs, reliées par une sorte
d’appui haut de près de 50 centimètres ; cet appui, dont la moulure supé-
rieure est décorée de beaux entrelacs, porte dans sa partie plate un pan-
neau représentant deux oiseaux au milieu de rinceaux enchevêtrés avec
la complication savante des entrelacs des manuscrits saxons et des monu-
ments romans de la Norvège. Nous sommes ici en présence d’une œuvre
absolument normande, d’un travail très soigné et très riche. Si quelque
inspiration orientale transparaît, il nous faut plutôt rechercher l’influence
des ivoires hindous ou des étoffes de même provenance : l’éléphant, les
rinceaux touffus, les pointillés sur les parties plates, les galons gravés,
tout éloigne le souvenir de l’art arabe, plus précis, plus net et plus sec.
Nous citerons aussi, à la cathédrale, de curieuses fenêtres fermées par une
clôture en pierre ajourée.

Ce type de fenêtre, nous le retrouverons encore dans une petite église
(San-Gregorio), à côté de Saint-Nicolas. Cette petite église, d’une archi-
tecture très simple, mais très vigoureuse, est sur un plan bien connu : la
nef couverte en charpente, les collatéraux voûtés; on lui rendrait à peu
de frais sa physionomie primitive, mais actuellement le badigeon qui la
recouvre à l’intérieur lui donne un aspect absolument misérable.

Nous regrettons de ne pas pouvoir mettre sous les yeux de nos lec-
teurs de plus nombreux exemples de cet art italo-normand, si ferme, si
élégant et si curieux. Toute l’Italie du sud est parsemée de monuments
où se retrouve cette influence française mêlée aux inspirations orientales;
ces monuments sont peu connus, et pourtant ils forment dans l’histoire
de l’art le véritable trait d’union entre l’art arabe et l’art français, qui
influèrent tant l’un sur l’autre à l’époque des croisades.

Il serait très intéressant de comparer entre eux les monuments mu-
sulmans et chrétiens de la Syrie et de la Palestine, les monuments italo-
et siculo-normands, ceux du moyen âge français, en se maintenant dans les
limites des croisades, c’est-à-dire du xie siècle à la fin duxin®. Bien sou-
vent nous avons été frappé de l’analogie que présentent entre eux les
produits des arts industriels de ces époques (bronzes, ivoires, étoffes,
armes, mobilier, bijoux). En Palestine, combien de détails d’églises où
se mélangent le style arabe et l’inspiration française; à Damas, quelles
formes françaises dans la mouluration d’édifices purement arabes ; et
enfin, au Caire, quel est l’artiste qui n’a pas été frappé par la vue du
portail d’une église de Saint-Jean d’Acre, apporté jusqu’au Caire par les
soins du sultan Qualaoûn et accolé aux constructions qui comprennent le
 
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