LE VITRAIL.
donner l’illusion d’un tableau aperçu au travers d’une vitre incolore;
car, à la distance où est placé le spectateur, il n’apercevrait que le ciel,
et la ligne d’horizon serait à plusieurs mètres au-dessous du tableau.
La décadence fut alors extrêmement rapide et le désordre des
guerres religieuses la précipita. Sans doute on peut encore citer
quelques belles œuvres exécutées à l’église d’Écouen, à la chapelle du
château de Vincennes, à la chapelle du château de Champigirp-sur-
Yeude, aux églises Saint-Gervais, Saint-Merrv et Saint-Étienne du
Mont, de Paris.
Mais, â la fin des troubles de la Ligue, le grand art du vitrail
n’était plus qu’un souvenir. Il y a lieu de remarquer que la décadence
coïncida avec l’application des émaux au vitrail, sous le règne de
Henri IL Ce procédé nouveau, qui semblait devoir accroître les
ressources du peintre verrier, en lui fournissant le moyen de réaliser
toutes les nuances sans être astreint à l’obligation des plombs, fut
une cause de nouvelles erreurs. Jusque-là, malgré l’introduction de
la perspective, le plomb avait été conservé comme un élément
nécessaire du dessin; il accentuait les contours en évitant le contact
et le rayonnement des couleurs translucides les unes sur les autres,
et sa fonction essentielle était de sertir les formes comprises sous
une même coloration. Avec l’émail au contraire, la mise en plomb
était inutile puisque les divers tons pouvaient être juxtaposés sur un
seul morceau de verre incolore. Ce fut là véritablement le commen-
cement de la peinture sur verre, peinture aux formes indécises, dont
le dessin disparait dans le mélange des tons voisins. On comprend
difficilement que, pendant deux siècles et plus, le vitrail ait été réduit
à l’émaillage sur verre.
C’est à peine si on trouve encore au xvu° siècle quelques œuvres
dignes d’être remarquées. Un peintre verrier de Troyes, Linard
Gonthier, exécutait de 1021 à 1624 d’intéressants vitraux civils pour
la maison de l’Arquebuse : ils sont conservés au Musée de Troyes.
Les sujets sont empruntés à l’histoire de Henri IV et de Louis XIII.
Le même artiste a exécuté une verrière du bas-côté nord à la cathé-
drale de Troyes. Il faut citer aussi les débris de la verrière exécutée
en 1051 par Perrin, d’après les cartons de Lesueur, pour l’église
Saint-Gervais 1 et les vitraux de l’ancien charnier de l’église Saint-
Étienne du Mont, à Paris.
Les émaux, inapplicables aux œuvres décoratives de grande
1. Ces débris sont déposés au Musée Carnavalet.
donner l’illusion d’un tableau aperçu au travers d’une vitre incolore;
car, à la distance où est placé le spectateur, il n’apercevrait que le ciel,
et la ligne d’horizon serait à plusieurs mètres au-dessous du tableau.
La décadence fut alors extrêmement rapide et le désordre des
guerres religieuses la précipita. Sans doute on peut encore citer
quelques belles œuvres exécutées à l’église d’Écouen, à la chapelle du
château de Vincennes, à la chapelle du château de Champigirp-sur-
Yeude, aux églises Saint-Gervais, Saint-Merrv et Saint-Étienne du
Mont, de Paris.
Mais, â la fin des troubles de la Ligue, le grand art du vitrail
n’était plus qu’un souvenir. Il y a lieu de remarquer que la décadence
coïncida avec l’application des émaux au vitrail, sous le règne de
Henri IL Ce procédé nouveau, qui semblait devoir accroître les
ressources du peintre verrier, en lui fournissant le moyen de réaliser
toutes les nuances sans être astreint à l’obligation des plombs, fut
une cause de nouvelles erreurs. Jusque-là, malgré l’introduction de
la perspective, le plomb avait été conservé comme un élément
nécessaire du dessin; il accentuait les contours en évitant le contact
et le rayonnement des couleurs translucides les unes sur les autres,
et sa fonction essentielle était de sertir les formes comprises sous
une même coloration. Avec l’émail au contraire, la mise en plomb
était inutile puisque les divers tons pouvaient être juxtaposés sur un
seul morceau de verre incolore. Ce fut là véritablement le commen-
cement de la peinture sur verre, peinture aux formes indécises, dont
le dessin disparait dans le mélange des tons voisins. On comprend
difficilement que, pendant deux siècles et plus, le vitrail ait été réduit
à l’émaillage sur verre.
C’est à peine si on trouve encore au xvu° siècle quelques œuvres
dignes d’être remarquées. Un peintre verrier de Troyes, Linard
Gonthier, exécutait de 1021 à 1624 d’intéressants vitraux civils pour
la maison de l’Arquebuse : ils sont conservés au Musée de Troyes.
Les sujets sont empruntés à l’histoire de Henri IV et de Louis XIII.
Le même artiste a exécuté une verrière du bas-côté nord à la cathé-
drale de Troyes. Il faut citer aussi les débris de la verrière exécutée
en 1051 par Perrin, d’après les cartons de Lesueur, pour l’église
Saint-Gervais 1 et les vitraux de l’ancien charnier de l’église Saint-
Étienne du Mont, à Paris.
Les émaux, inapplicables aux œuvres décoratives de grande
1. Ces débris sont déposés au Musée Carnavalet.