UNE PAGE D’HISTOIRE
LA
MANUFACTURE DE SÈVRES
EN L’AN VIII
(premier article.)
Obligée de trouver en elle-même les
ressources nécessaires pour subvenir à
toutes ses dépenses, la manufacture de
Sèvres eut à traverser, pendant l'an VII,
une des crises les plus difficiles et les
plus critiques de son existence. Sur les
cent mille francs de subvention qui lui
avaient été votés, à la demande et sur
le rapport du bureau des Arts et Manu-
factures, elle n’avait encore touché à
la date du 28 pluviôse, c’est-à-dire après
cinq mois, que la somme dérisoire de
1,320 fr. 40, alors qu’elle devait six ou
sept mois d’appointements à un person-
nel qui comprenait deux cent seize ar-
tistes ou ouvriers. Non seulement le
ministre des Finances refusait de payer les sommes ordonnancées au
profit du malheureux établissement par son collègue de l’Intérieur,
mais c’est à peine si, à force de démarches, de prières, on peut même
dire de supplications, la direction parvenait à obtenir de temps à
autre quelques milliers de francs en à-compte sur les livraisons
considérables, faites au gouvernement, de porcelaines destinées à
être envoyées en présents aux ministres et aux ambassadeurs étran-
LA
MANUFACTURE DE SÈVRES
EN L’AN VIII
(premier article.)
Obligée de trouver en elle-même les
ressources nécessaires pour subvenir à
toutes ses dépenses, la manufacture de
Sèvres eut à traverser, pendant l'an VII,
une des crises les plus difficiles et les
plus critiques de son existence. Sur les
cent mille francs de subvention qui lui
avaient été votés, à la demande et sur
le rapport du bureau des Arts et Manu-
factures, elle n’avait encore touché à
la date du 28 pluviôse, c’est-à-dire après
cinq mois, que la somme dérisoire de
1,320 fr. 40, alors qu’elle devait six ou
sept mois d’appointements à un person-
nel qui comprenait deux cent seize ar-
tistes ou ouvriers. Non seulement le
ministre des Finances refusait de payer les sommes ordonnancées au
profit du malheureux établissement par son collègue de l’Intérieur,
mais c’est à peine si, à force de démarches, de prières, on peut même
dire de supplications, la direction parvenait à obtenir de temps à
autre quelques milliers de francs en à-compte sur les livraisons
considérables, faites au gouvernement, de porcelaines destinées à
être envoyées en présents aux ministres et aux ambassadeurs étran-