Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 37.1888

DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:
Gonse, Louis: Claude Mellan, 1
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24191#0509

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
CLAUDE MEI.LAN.

467.

tion fait allusion à quelque épisode amoureux de la vie de notre artiste.

En 1631, il produit deux ouvrages importants : le Portrait
d’Urbain VIII, d’après le Bernin, pour le volume des poésies de ce
pape, et le Portrait de Vincenzo Giustiniani, pour le recueil gravé
que cet amateur avait fait faire à Mellan d’après ses antiques. Ce
dernier portrait est un des morceaux les plus serrés et les plus fiers
qui soient sortis de la main de l’artiste ; c’est à proprement parler un
chef-d’œuvre. Le dessin à la pierre noire, que l’artiste avait fait sur
le vif, était, au dire de Mariette, une merveille de vie et de naturel ;
il passa de la collection de cet amateur dans celle du prince Eugène,
qui est actuellement à Vienne.

En 1632, autre chef-d’œuvre : le Portrait dit cardinal Bentivoglio.
Ce curieux portrait a pour moi un attrait tout particulier. Si on veut
connaître dans toute sa vérité l’originale et spirituelle figure du car-
dinal, c’est beaucoup moins la magnifique peinture de Van Dyck, au
Pitti, que cette modeste gravure qu’il faut consulter. Ce qui nous
charme précisément c’est que le modèle n’y est pas flatté; il nous
apparaît tel que l’a vu Mellan, avec cette sincérité naïve, qui est un
de ses plus rares mérites. Ce front haut et dégarni, ces yeux profonds,
allumés comme des braises, ces .narines ouvertes, cette bouche sar-
donique, toute cette intensité physionomique est bien loin des grâces
mondaines et un peu factices dont le peintre d’Anvers a coutume
d’embellir ses modèles.

Le cardinal fut d’ailleurs si satisfait de la ressemblance qu’il offrit
à Mellan, en remerciement, un magnifique dessin de Raphaël, les
Amours d’Alexandre et de Roxane, que l’artiste conserva avec grand
soin pendant toute sa vie.

Dans ces deux portraits du marquis Giustiniani et du cardinal
Bentivoglio tout l’œuvre iconographique de Mellan est en substance.

Les derniers portraits gravés à Rome touchent à la grande
manière de l’artiste; les contre-tailles n’apparaissent plus qu’à de
rares endroits et seulement dans les ombres; le travail s’allège au
profit de l’effet et se rapproche de plus en plus de la légèreté du
dessin au crayon. La personnalité du graveur, dégagée des influences
d’Ecole et des entraves de la tradition, s’élance d’un vol hardi et sûr
dans les voies nouvelles qu’elle s’est ouvertes. Lorsque Mellan
reviendra en France il sera armé de toutes pièces.

La plupart des œuvres mises au jour à Rome, de 1632 à 1635,
ont, en effet, une singulière saveur d’originalité. Mellan est déjà le
graveur à la mode. 11 exécute les portraits de Jérôme de Narni, fameux
 
Annotationen