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GAZETTE DES BEAUX-AIITS.
comme le père du peintre, n’eut de sa femme, Marguerite Van den
Eynden, aucun fils du nom de Quentin *.
Un investigateur, dont la réputation n’est plus à faire, M. Léon
de Burbure, a l’extrême amabilité de nous mettre sous les yeux un
acte passé devant les échevins d’Anvers en 1475, et duquel ressort
que Jean Matsys, forgeron à Anvers, était déjà décédé en 1465; que
Josse, également forgeron, était fixé à Louvain en 1475; que Gilles,
vannier, habitait Herenthals, localité de la Campine anversoise; et
qu’enfin Barbe, épouse de Henri Doerne, vivait au même lieu. 11
résulte de la pièce que tous les Matsys, tant ceux d’Anvers que ceux
de Louvain et d’Herenthals, tour à tour mentionnés par MM. Van
Even et Génard, étaient issus d’Henri Matsys; que, seul, pourtant,
Josse, le forgeron, envisagé de tout temps par M. Van Even comme
le père du peintre, habitait Louvain.
De plus, c’est devant le magistrat de cette dernière ville que
Quentin déclare (ceci résulte des recherches de M. Van Even) être
âgé de vingt-huit ans en 1494. Renseignement précieux, car la date
de naissance du peintre ainsi fixée à l’année 1466, il s’ensuit qu’à
l’époque de son inscription à la Gilde de Saint-Luc d’Anvers, il
comptait à peine vingt-cinq ans, ce qui nous rapproche de ses années
d’apprentissage.
Dès le 4 avril 1491, la veuve de Josse Matsys avait procédé, tou-
jours devant le magistrat de Louvain, à l’émancipation de ses trois
enfants, encore mineurs, et parmi ceux-ci Quentin figurait en pre-
mière ligne.
M. Van Even suppose que le départ de la famille suivit de près
cette formalité; ce point doit rester indécis.
Quant à faire deux personnages du Quentin, fils de Josse Matsys
et du peintre inscrit à la Gilde d’Anvers, on nous permettra de trou-
ver que c’est pousser loin l’ingéniosité. Un tel luxe de suppositions
ne fortifie pas une cause.
En prenant place parmi les confrères de la Gilde, Matsys n’y est
point soumis au stage réglementaire. II est tout d’abord classé
parmi les maîtres. « En l’an de Grâce M.CCCC et XCI, furent régents
Antoine Vander Heyen et Jean Vinck. Reçus francs-maîtres Roland
Van Gulpen, Josse de Bruges, Pierre Dysere, Jacques de Santvliet,
Quentin Massys et Jean Dewolf », noms parfaitement ignorés, à l’ex-
ception de celui de notre artiste. Reste à savoir si les Van Gulpen et
1. J.-J. Van den Branden : Geschiedenis der Antwerpsche Schilderschool, p. 4L
GAZETTE DES BEAUX-AIITS.
comme le père du peintre, n’eut de sa femme, Marguerite Van den
Eynden, aucun fils du nom de Quentin *.
Un investigateur, dont la réputation n’est plus à faire, M. Léon
de Burbure, a l’extrême amabilité de nous mettre sous les yeux un
acte passé devant les échevins d’Anvers en 1475, et duquel ressort
que Jean Matsys, forgeron à Anvers, était déjà décédé en 1465; que
Josse, également forgeron, était fixé à Louvain en 1475; que Gilles,
vannier, habitait Herenthals, localité de la Campine anversoise; et
qu’enfin Barbe, épouse de Henri Doerne, vivait au même lieu. 11
résulte de la pièce que tous les Matsys, tant ceux d’Anvers que ceux
de Louvain et d’Herenthals, tour à tour mentionnés par MM. Van
Even et Génard, étaient issus d’Henri Matsys; que, seul, pourtant,
Josse, le forgeron, envisagé de tout temps par M. Van Even comme
le père du peintre, habitait Louvain.
De plus, c’est devant le magistrat de cette dernière ville que
Quentin déclare (ceci résulte des recherches de M. Van Even) être
âgé de vingt-huit ans en 1494. Renseignement précieux, car la date
de naissance du peintre ainsi fixée à l’année 1466, il s’ensuit qu’à
l’époque de son inscription à la Gilde de Saint-Luc d’Anvers, il
comptait à peine vingt-cinq ans, ce qui nous rapproche de ses années
d’apprentissage.
Dès le 4 avril 1491, la veuve de Josse Matsys avait procédé, tou-
jours devant le magistrat de Louvain, à l’émancipation de ses trois
enfants, encore mineurs, et parmi ceux-ci Quentin figurait en pre-
mière ligne.
M. Van Even suppose que le départ de la famille suivit de près
cette formalité; ce point doit rester indécis.
Quant à faire deux personnages du Quentin, fils de Josse Matsys
et du peintre inscrit à la Gilde d’Anvers, on nous permettra de trou-
ver que c’est pousser loin l’ingéniosité. Un tel luxe de suppositions
ne fortifie pas une cause.
En prenant place parmi les confrères de la Gilde, Matsys n’y est
point soumis au stage réglementaire. II est tout d’abord classé
parmi les maîtres. « En l’an de Grâce M.CCCC et XCI, furent régents
Antoine Vander Heyen et Jean Vinck. Reçus francs-maîtres Roland
Van Gulpen, Josse de Bruges, Pierre Dysere, Jacques de Santvliet,
Quentin Massys et Jean Dewolf », noms parfaitement ignorés, à l’ex-
ception de celui de notre artiste. Reste à savoir si les Van Gulpen et
1. J.-J. Van den Branden : Geschiedenis der Antwerpsche Schilderschool, p. 4L