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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 37.1888

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Nr. 1
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Courajod, Louis: Les véritables origines de la Renaissance
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https://doi.org/10.11588/diglit.24191#0032

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24

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

les autres par cette épreuve préparatoire. Et, pendant cette épreuve,
quoiqu’ils fussent en contact immédiat avec ces modèles antiques
auxquels on attribue une étonnante fécondité — qui aurait été en
tout cas bien longtemps endormie —, pendant cette première évolu-
tion internationale de l’art européen vers la Renaissance, les Italiens
ne furent pas à la tête du mouvement. La France du nord, la Flandre
et la Bourgogne les avaient devancés dans la voie qui devait être
celle de l’avenir, c’est-à-dire dans l’interprétation sincère et inté-
grale de la nature. Le terrain avait été, en effet, admirablement
préparé dans le Nord, et il semble qu’à la fin du xive siècle, en sculp-
ture du moins, il soit impossible de placer l’Italie au premier rang.
Cependant, l’Italie elle-même était, alors, dans une certaine mesure,
disposée à recevoir et à propager les progrès du naturalisme. Elle
l’a bien prouvé depuis.

Mais je diffère absolument de sentiment avec l’auteur de la
doctrine exposée en avril 1886 dans la Revue clés Deux-Mondes 1. « Le
réalisme italien », disait alors ce savant critique, « il est facile de
s’en convaincre en étudiant le rôle de Brunellesco, de Donatello, de
Ghiberti et de Masaccio, se rattache intimement au réveil de l’anti-
quité classique. Ce retour à un idéal perdu, cette nécessité de faire
abstraction des formes conventionnelles transmises par l’école de
Giotto, ont surexcité les facultés critiques : les artistes italiens n’y
ont pas seulement gagné de copier exactement les modèles grecs et
romains, leurs yeux se sont du coup rouverts sur la nature vivante,
naguère encore couverte d’un voile. » Raisonner ainsi, c’est, à mon
avis, prendre l’effet pour la cause. L’art antique est resté lettre
morte pour les gothiques italiens, jusqu’au jour où le naturalisme,
après les avoir émancipés, est venu les éclairer sur la valeur, la
signification et l’assimilaticn possible de cet art.

Notre ignorance en ces matières a de lointaines origines. Ce sont
les lettrés et les savants en us des xvie et xvne siècles qui, préoccupés
uniquement de la résurrection littéraire de la pensée antique et de
son complet épanouissement au xve siècle, ont trompé l'histoire sur
les origines de la Renaissance des arts, en raisonnant par analogie.
Ils ont professé, à priori et sans ouvrir la moindre enquête, le plus
funeste des enseignements; et cette doctrine, commode et systéma-
tique, est aujourd’hui répétée par leurs successeurs, nos modernes
historiens de l’art qui, malheureusement, la plupart du temps, ne

1. Pages 561 et 562.
 
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