EXPOSITION
D E
M. PUVIS DE GHAVANNES
annonce d’une exposition d’œuvres de
M.Puvis de Chavannes, dans une gale-
rie de la rue Laffitte, n’a pas été sans
causer quel inquiétude àplus d’un de ses
amis,—j’entends ces « amis inconnus »
de l’espèce de ceux à qui Sully Pru-
dliomme dédiait ses Vaines Tendresses,
tels qu’en doit souhaiter quiconque tient
au service de l’Art la plume ou le pinceau
et rêve pour ses œuvres cet « accueil lointain d’àmes hospitalières »,
seule récompense digne d’être enviée... Et, pour le dire en passant,
le jour où nos peintres, dans la sincérité et la fierté de leurs cœurs,
sauront s’en contenter, ils se seront affranchis d’une grande cause
d’infériorité morale et ne donneront plus l’affligeant spectacle dont
nous venons d’être témoins, de comités formés, de manifestes rédigés
et d’une bruyante campagne électorale menée sur « la question
des médailles »; alors aussi, nos Salons prendront un autre aspect.
Mais, tout porte à croire quedl’aurore de ce beau jour n’est pas près
de paraître à l’horizon... Ces timides amis se demandaient donc, non
sans angoisse, si une salle de quelques mètres carrés était un lieu
d’exposition bien choisi pour le peintre du Panthéon et de la Sorbonne,
des Musées de Lyon et d’Amiens; les professeurs brevetés de dessin
et de calligraphie qui lui ont voué, comme on sait, une particulière
exécration, n’allaient-ils pas avoir trop beau jeu contre ses toiles de
chevalet?... Enfin, on peut l’avouer à présent, ces gens de petite foi
avaient peur. Les choses ont bien tourné cependant : la bataille est
D E
M. PUVIS DE GHAVANNES
annonce d’une exposition d’œuvres de
M.Puvis de Chavannes, dans une gale-
rie de la rue Laffitte, n’a pas été sans
causer quel inquiétude àplus d’un de ses
amis,—j’entends ces « amis inconnus »
de l’espèce de ceux à qui Sully Pru-
dliomme dédiait ses Vaines Tendresses,
tels qu’en doit souhaiter quiconque tient
au service de l’Art la plume ou le pinceau
et rêve pour ses œuvres cet « accueil lointain d’àmes hospitalières »,
seule récompense digne d’être enviée... Et, pour le dire en passant,
le jour où nos peintres, dans la sincérité et la fierté de leurs cœurs,
sauront s’en contenter, ils se seront affranchis d’une grande cause
d’infériorité morale et ne donneront plus l’affligeant spectacle dont
nous venons d’être témoins, de comités formés, de manifestes rédigés
et d’une bruyante campagne électorale menée sur « la question
des médailles »; alors aussi, nos Salons prendront un autre aspect.
Mais, tout porte à croire quedl’aurore de ce beau jour n’est pas près
de paraître à l’horizon... Ces timides amis se demandaient donc, non
sans angoisse, si une salle de quelques mètres carrés était un lieu
d’exposition bien choisi pour le peintre du Panthéon et de la Sorbonne,
des Musées de Lyon et d’Amiens; les professeurs brevetés de dessin
et de calligraphie qui lui ont voué, comme on sait, une particulière
exécration, n’allaient-ils pas avoir trop beau jeu contre ses toiles de
chevalet?... Enfin, on peut l’avouer à présent, ces gens de petite foi
avaient peur. Les choses ont bien tourné cependant : la bataille est