UN CHAPITRE D’HISTOIRE
LA
MANUFACTURE DE SÈVRES
EN L’AN VIII
(deuxième et dernier article1)
ostaz désirant s’entourer de tous les
documents qui lui étaient nécessaires
afin de procéder en connaissance de
cause à la réforme radicale qu’il avait
projetée, avait fait réclamer un si grand
nombre de renseignements sur l’admi-
nistration et le fonctionnement de la
manufacture, ainsi que sur tout son
personnel, que les deux directeurs, Sal-
mon et Hettlinger, justement alarmés
et sentant qu’il se préparait quelque
chose de grave, voulurent prendre les devants et plaider eux-mêmes
leur cause et celle de leurs administrés. A cet effet, ils demandèrent,
le 12 ventôse, « à être reçus par le ministre avec une députation
composée de chefs d’ateliers recommandables et respectables par
l’âge et les services », mais on leur fit répondre « que le ministre,
absorbé par le travail des préfectures, n’avait pas le temps de donner
des audiences particulières; que du reste, il prendrait en considé-
ration l’état de la manufacture, etc., etc... » En même temps on les
chargeait de dresser un état indiquant ceux des artistes et ouvriers
qui avaient atteint leur soixantième année et qui comptaient au
moins vingt ans de service, sans leur dissimuler que le ministre
avait l’intention de les mettre à la retraite avec des pensions qui
L Voy. Gazette des Beaux-Arts. t. XXXVI, 2e période, p. 310.
LA
MANUFACTURE DE SÈVRES
EN L’AN VIII
(deuxième et dernier article1)
ostaz désirant s’entourer de tous les
documents qui lui étaient nécessaires
afin de procéder en connaissance de
cause à la réforme radicale qu’il avait
projetée, avait fait réclamer un si grand
nombre de renseignements sur l’admi-
nistration et le fonctionnement de la
manufacture, ainsi que sur tout son
personnel, que les deux directeurs, Sal-
mon et Hettlinger, justement alarmés
et sentant qu’il se préparait quelque
chose de grave, voulurent prendre les devants et plaider eux-mêmes
leur cause et celle de leurs administrés. A cet effet, ils demandèrent,
le 12 ventôse, « à être reçus par le ministre avec une députation
composée de chefs d’ateliers recommandables et respectables par
l’âge et les services », mais on leur fit répondre « que le ministre,
absorbé par le travail des préfectures, n’avait pas le temps de donner
des audiences particulières; que du reste, il prendrait en considé-
ration l’état de la manufacture, etc., etc... » En même temps on les
chargeait de dresser un état indiquant ceux des artistes et ouvriers
qui avaient atteint leur soixantième année et qui comptaient au
moins vingt ans de service, sans leur dissimuler que le ministre
avait l’intention de les mettre à la retraite avec des pensions qui
L Voy. Gazette des Beaux-Arts. t. XXXVI, 2e période, p. 310.