COURRIER DE L’ART ANTIQUE.
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ive siècle, mais ce n’est sans doute qu’une imitation conforme à la mode du
temps. Il est bien difficile d’en expliquer le sujet. Sur la grande face, une
scène de bain, où nous n’osons pas reconnaître, avec M. Yisconti, un bain
mystique d’initiée ; sur les deux autres, une femme nue assise jouant de la
flûte et une femme assise, vêtue d’une draperie transparente, qui place une
lampe sur un candélabre. Ces deux derniers motifs sont traités avec une
grâce charmante et le dessin en est d’une remarquable pureté.
Nous avons annoncé, dans un précédent article1, la découverte de deux
grandes statues de bronze exhumées au mois d’avril 1885 auprès de la Via
Nazionale à Rome. L’une d’elles, représentant un athlète, a déjà été repro-
duite ici; il nous reste à faire connaître l’autre, qui n’est pas la moins inté-
ressante2. C’est un jeune homme nu, aux formes athlétiques, debout et
appuyé de la main gauche sur une lance qui a été restaurée. La tête offre
un caractère individuel qui rappelle à M. Helhig les traits de Philippe V
de Macédoi ne. La figure a plus de 2m.30 de hauteur. Sans être à l’abri de
la critique, qui lui reprocherait justement quelque lourdeur, cette puis-
sante sculpture est un précieux spécimen de la statuaire postérieure à
Lysippe, s’inspirant, avec plus ou moins de réalisme, des leçons du
maître de Sicyone. Il serait intéressant de pouvoir la comparer à quelque
grand bronze des beaux temps de l’art grec, mais, malheureusement, les
statues en métal sont rares et Horace n’a pas eu tort de prédire à ses vers
une durée plus longue que celle de l’airain, perennius aere. Dans le naufrage
des civilisations antiques, les objets en matériaux de prix ont eu le plus à
souffrir, et s’il reste aujourd’hui dans nos colleclions des œuvres intactes,
en l’état même où les anciens les ont vues, ce ne sont guère que les pierres
gravées qui ornaient les bagues et les modestes terres-cuites ensevelies dans
les demeures des morts.
SALOMON REINACH.
1. Gazette des Beaux-Arts, t. XXXIIf, p. 427.
2. Antïke Denkmæler, 1886, pi. Y.
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ive siècle, mais ce n’est sans doute qu’une imitation conforme à la mode du
temps. Il est bien difficile d’en expliquer le sujet. Sur la grande face, une
scène de bain, où nous n’osons pas reconnaître, avec M. Yisconti, un bain
mystique d’initiée ; sur les deux autres, une femme nue assise jouant de la
flûte et une femme assise, vêtue d’une draperie transparente, qui place une
lampe sur un candélabre. Ces deux derniers motifs sont traités avec une
grâce charmante et le dessin en est d’une remarquable pureté.
Nous avons annoncé, dans un précédent article1, la découverte de deux
grandes statues de bronze exhumées au mois d’avril 1885 auprès de la Via
Nazionale à Rome. L’une d’elles, représentant un athlète, a déjà été repro-
duite ici; il nous reste à faire connaître l’autre, qui n’est pas la moins inté-
ressante2. C’est un jeune homme nu, aux formes athlétiques, debout et
appuyé de la main gauche sur une lance qui a été restaurée. La tête offre
un caractère individuel qui rappelle à M. Helhig les traits de Philippe V
de Macédoi ne. La figure a plus de 2m.30 de hauteur. Sans être à l’abri de
la critique, qui lui reprocherait justement quelque lourdeur, cette puis-
sante sculpture est un précieux spécimen de la statuaire postérieure à
Lysippe, s’inspirant, avec plus ou moins de réalisme, des leçons du
maître de Sicyone. Il serait intéressant de pouvoir la comparer à quelque
grand bronze des beaux temps de l’art grec, mais, malheureusement, les
statues en métal sont rares et Horace n’a pas eu tort de prédire à ses vers
une durée plus longue que celle de l’airain, perennius aere. Dans le naufrage
des civilisations antiques, les objets en matériaux de prix ont eu le plus à
souffrir, et s’il reste aujourd’hui dans nos colleclions des œuvres intactes,
en l’état même où les anciens les ont vues, ce ne sont guère que les pierres
gravées qui ornaient les bagues et les modestes terres-cuites ensevelies dans
les demeures des morts.
SALOMON REINACH.
1. Gazette des Beaux-Arts, t. XXXIIf, p. 427.
2. Antïke Denkmæler, 1886, pi. Y.