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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 37.1888

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Nr. 2
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Reinach, Salomon: La Vénus de Cnide
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https://doi.org/10.11588/diglit.24191#0112

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98

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Vatican, que nous publions ici pour la première fois 1. Cette précieuse
statue, incontestablement la plus belle des deux, a malheureusement
été défigurée par la pruderie des antiquaires pontificaux, qui ont
enveloppé d’une draperie de fer-blanc la partie inférieure du corps.
Cette draperie rend inintelligible et absurde le geste de la main
gauche de la déesse, consistant à déposer sur le vase placé près
d’elle la draperie dont elle vient de se dévêtir. Bien que la statue du
Vatican fût connue depuis la Renaissance, elle n’avait pas encore
été gravée en 1876, époque où M. Michaëlis la fit reproduire d’après
une photographie, mais toujours avec la malencontreuse draperie
métallique, dans le Journal archéologique de Berlin 2. En 1884, le
Musée de South-Kensington obtint l’autorisation d’en faire prendre un
moulage et, par une heureuse tolérance, la déesse put être déshabillée
pour l’opération. Peu de temps après, ayant eu l’occasion d’admirer
ce moulage dans la galerie de Ivensington, je m’en procurai une
excellente photographie sous deux aspects, par l’aimable entremise
d’un des trustées de la Galerie nationale de Londres, sir AVilliam
Gregory, auquel rien de ce qui touche à l’art n’est indifférent. Ce
sont ces photographies que nous avons fait reproduire ici, heureux
de pouvoir offrir aux archéologues et aux artistes la primeur d’une
œuvre déjà intéressante par elle-même, et que sa ressemblance avec
la Vénus des monnaies de Cnide rend pour nous aussi précieuse qu’un
chef-d’œuvre.

On s’aperçoit au premier coup d’œil d’une différence capitale
entre la Vénus du Aratican et celle de Munich. La statue de Munich
semble tirer la draperie à soi, comme pour se vêtir au sortir du bain,
tandis que celle du Aratican la laisse tomber, comme au moment
d’entrer dans les flots.

On a discuté pour savoir lequel de ces deux motifs était plus
conforme à l’original. Les monnaies ne fournissent pas sur ce point
d’indication bien satisfaisante, bien qu’elles paraissent plutôt en
faveur de la seconde hypothèse. Il n’y a rien à tirer non plus d’un

1. Restaurations : dans la statue de Munich, la partie supérieure delà tête, dont
le type est à peine antique; le nez, une portion de la bouche, la moitié de l'avant-
bras droit, le bras gauche à partir du bracelet, les pieds, des fragments du vase
et de la draperie. Dans la statue du Vatican, il n’y a de modernes que la partie
inférieure du bras droit et le bras gauche tout entier.

2. Michaëlis, Archœologische Zeitung, 1876, pl. XII; de là dans Overbeck,
Geschichte dsr Plastik, t. II, p. 31, fig. 99; Baumeister, Denkmœler, fig. 1556,
p. 1403; Sybel, Weltgeschichte der Kunst, p. 248.
 
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