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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 37.1888

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Nr. 2
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Reinach, Salomon: La Vénus de Cnide
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https://doi.org/10.11588/diglit.24191#0113

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LA VÉNUS DE GNIDE.

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texte d’Athénée *, que nous traduisons littéralement : « A la fête
des Eleusinies et à celle des Poseidonies, Phryné, sous les yeux des
Grecs assemblés, déposa ses vêtements, délia sa chevelure et entra
dans la mer : et c’est d’après elle qu’Apelle peignit l’Aphrodite Ana-
dyomène, et Praxitèle le sculpteur, qui était son amant, sculpta
d’après elle l’Aphrodite cnidienne. » Des difficultés chronologiques,
sur lesquelles nous n’avons pas à insister ici, s’opposent à ce que l’on
considère comme contemporaines la Vénus de Praxitèle et celle
d’Apelle ; d’ailleurs, si l’on y regarde de près, il n’y a pas, dans le
texte d’Athénée, une connexion nécessaire entre l’exploit de la cour-
tisane thespienne et les deux œuvres d’art dont il fait mention.

M. Michaëlis a ingénieusement fait valoir que les deux Vénus,
celle du Vatican et celle de Munich, portant l’une et l’autre sur la
jambe droite, laissent tomber la draperie du côté opposé. Il est certain
que pour soulever un vêtement, si léger qu’on le suppose, on s’appuie
plutôt sur la jambe placée du même côté que le vêtement. L’archéo-
logue allemand en conclut que le mouvement de la Vénus du Vatican
est seul conforme à celui de l’original.

Il nous semble que l’argument capital en faveur de la statue
du Vatican est fourni pas un charmant distique d’Ovide, inspiré
sans doute par la Vénus de Cnide ou par l’une de ses répliques, bien
qu’on l’ait souvent cité à tort en décrivant la Vénus de Médicis :

Ipsa Venus pubem, quoties velamina ponit,

Protegitur laeva semireducta manu 2.

« Vénus elle-même, quand elle dépose ses voiles, s’incline
légèrement et se couvre de sa main gauche. »

Il y a, dans ce distique, deux détails bien remarquables. D’abord,
l’expression quoties velamina ponit, qui se rapporte évidemment à l’acte
de la déesse sur le point d’entrer au bain ; il s’agit donc de la Vénus
de Cnide et non point de la Vénus de Médicis, qui sort de l’onde.
Le témoignage d’Ovide vient s’ajouter à celui des monnaies pour
attester que la Vénus de Praxitèle est bien celle dont la réplique est
au Vatican. Etant donnée la célébrité universelle de l’original, il
est inadmi ssible qu’Ovide n’ait pas eu présent à l’esprit, lorsqu’il
écrivait ces vers, un type bien connu de tous ses lecteurs. En second
lieu, le poète a dit : laeva manu, alors que la quantité lui permettait

L Athénée, Banquet des sophistes, XIII. p. 590.

2. Ovide, Art d’Aimer, II, v. 612.
 
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