P.-V. GALLAND.
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traire, pour faire régner dans le bas de ses compositions une balustrade
à jour qui monte jusqu’au niveau des chambranles des baies et relie la
décoration peinte qui la domine. De cette balustrade, imitant le bois,
s’élèvent sur chaque panneau deux piliers légers qui traversent le
champ supérieur de la composition pour aller soutenir un treillage
chargé de verdures dont les entrelacements forment le plafond plat
de la voûte. Les personnages évoqués par l’imagination du peintre
se meuvent derrière la balustrade, comme s’ils apparaissaient au
spectateur dans les entre-colonnements réels du salon, sur les pan-
neaux de la muraille, animée de visions, ouverte au rêve, et substi-
tuent à la nudité de sa surface tout ce monde enchanté qui s’agite
dans un paysage aérien.
C’est une fête pour les yeux et une joie pour l’esprit. Ici sont
des chevaliers, vêtus d'armures, s’avançant fièrement, tout empa-
nachés pour la joute, sur leurs chevaux qui hennissent à la lumière
argentée du ciel. Là sont des chasseurs, avec leurs valets et leurs
limiers, qui s’apprêtent à partir. Plus loin, c’est la salle d’un banquet,
avec les tables chargées de gibier, les chasseurs revenus, les femmes
ajoutant la grâce du sourire, la noblesse de l’allure, l’étincelante
gaieté des costumes à l’allégresse des convives. Il serait malaisé de
rendre avec des mots le charme de cette œuvre, qui fait le plus grand
honneur à l’art français, et que si peu de nos compatriotes ont pu
admirer avant qu’elle ait été transportée à l’étranger.
Tel est l’artiste qui a été appelé en 1873, — il y a quatorze ans, —
à ouvrir un cours d’art décoratif à l’Ecole des Beaux-Arts. Quel pro-
gramme il apportait dans cette tâche, quelles difficultés il a eu à sur-
monter, quelles luttes à subir contre le corps presque tout entier des
professeurs de l’Ecole, enfin quel résultat final a couronné ses efforts,
il y a peu de mois, et quelle consécration, maintenant dans l’établis-
sement académique, est donnée à l’enseignement de l’art décoratif,
voilà ce qu’il nous reste à examiner.
VICTOR CHAMPIER.
(La fin prochainement.)
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traire, pour faire régner dans le bas de ses compositions une balustrade
à jour qui monte jusqu’au niveau des chambranles des baies et relie la
décoration peinte qui la domine. De cette balustrade, imitant le bois,
s’élèvent sur chaque panneau deux piliers légers qui traversent le
champ supérieur de la composition pour aller soutenir un treillage
chargé de verdures dont les entrelacements forment le plafond plat
de la voûte. Les personnages évoqués par l’imagination du peintre
se meuvent derrière la balustrade, comme s’ils apparaissaient au
spectateur dans les entre-colonnements réels du salon, sur les pan-
neaux de la muraille, animée de visions, ouverte au rêve, et substi-
tuent à la nudité de sa surface tout ce monde enchanté qui s’agite
dans un paysage aérien.
C’est une fête pour les yeux et une joie pour l’esprit. Ici sont
des chevaliers, vêtus d'armures, s’avançant fièrement, tout empa-
nachés pour la joute, sur leurs chevaux qui hennissent à la lumière
argentée du ciel. Là sont des chasseurs, avec leurs valets et leurs
limiers, qui s’apprêtent à partir. Plus loin, c’est la salle d’un banquet,
avec les tables chargées de gibier, les chasseurs revenus, les femmes
ajoutant la grâce du sourire, la noblesse de l’allure, l’étincelante
gaieté des costumes à l’allégresse des convives. Il serait malaisé de
rendre avec des mots le charme de cette œuvre, qui fait le plus grand
honneur à l’art français, et que si peu de nos compatriotes ont pu
admirer avant qu’elle ait été transportée à l’étranger.
Tel est l’artiste qui a été appelé en 1873, — il y a quatorze ans, —
à ouvrir un cours d’art décoratif à l’Ecole des Beaux-Arts. Quel pro-
gramme il apportait dans cette tâche, quelles difficultés il a eu à sur-
monter, quelles luttes à subir contre le corps presque tout entier des
professeurs de l’Ecole, enfin quel résultat final a couronné ses efforts,
il y a peu de mois, et quelle consécration, maintenant dans l’établis-
sement académique, est donnée à l’enseignement de l’art décoratif,
voilà ce qu’il nous reste à examiner.
VICTOR CHAMPIER.
(La fin prochainement.)