PHILIPPE ROUSSEAU ET FRANÇOIS BONVIN.
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et l’autre, pour conseil et pour guide? On ne sera donc pas surpris
de nous voir réunir ici leurs noms dans une même étude.
Philippe Rousseau était né à Paris en 1816. De son véritable
nom, il s’appelait Philippe ; c’était celui de son père, un chanteur de
l’Opéra-Comique qui créa, nous assure-t-on, le rôle de Richard Cœur
de Lion dans l’opéra de Grétry et qui eut son heure de renommée.
Rousseau était le nom de la mère de l’artiste. Les dictionnaires bio-
graphiques et même les livrets du Salon lui donnent pour maîtres
Gros et Victor Bertin. Pour Gros, ce n’est guère plausible, car c’est à
peine, nous a-t-on dit, si le jeune Rousseau fit autre chose que de l’en-
trevoir à l’Ecole des Beaux-Arts. Quant à Bertin, s’il est exact que
Rousseau lui demanda des conseils et fréquenta quelque temps son
atelier, il ne fut cependant jamais pour lui un véritable maître. En
réalité, c’est, à notre avis, autour de lui, en voyant peindre ses
camarades et leurs aînés et en étudiant beaucoup au Louvre que
Philippe Rousseau dut faire son plus sérieux apprentissage. La
nature au surplus l’avait bien doué ; il avait l’œil fin, observateur et
pénétrant du peintre, et il était, avec cela, ce qu’il devait se montrer
toute sa vie, extrêmement sensible aux harmonies de la couleur.
En 1834, Philippe Rousseau faisait sa première apparition au
Salon avec un paysage intitulé : Vue prise en Normandie et il con-
tinuait d’exposer des paysages aux Salons de 1835, 1836, 1837, 1838,
1839 et 1841. De ces premières productions du jeune artiste, nous ne
dirons rien, pour cette excellente raison qu’il n’y a rien à en dire. Ce
n’était point dans cette direction que Philippe Rousseau devait ren-
contrer le succès. Tout le premier, du reste, il le sentit car, dès le
Salon de 1843, nous le voyons brusquement changer de genre et
exposer quelques portraits. Ils ne furent peut-être guère plus remar-
qués que ne l’avaient été ses paysages. Enfin, au Salon de 1844, il
apparaît avec trois tableaux représentant des natures mortes. Du
coup, il avait trouvé sa voie. Toutefois, son premier sérieux succès
date seulement du Salon de 1845, où il expose : Le Rat de ville et le
Rat des champs, qui appartient à M. le duc de Trévise, un Chien, des
Fruits et une autre Nature morte. Il obtint là sa première récompense,
une médaille de 3e classe, et elle était bien méritée. Si l’on ne trouve
pas dans le Rat de ville et le Rat des champs, tout ce que la pratique et
l’expérience apporteront plus tard de virtuosité à l’artiste, on y
perçoit du moins clairement son fin esprit, son grand goût de com-
position, son tact exquis de coloriste à faire vibrer et chanter ses
tons par d’habiles contrastes ou par d’harmonieuses juxtapositions.
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et l’autre, pour conseil et pour guide? On ne sera donc pas surpris
de nous voir réunir ici leurs noms dans une même étude.
Philippe Rousseau était né à Paris en 1816. De son véritable
nom, il s’appelait Philippe ; c’était celui de son père, un chanteur de
l’Opéra-Comique qui créa, nous assure-t-on, le rôle de Richard Cœur
de Lion dans l’opéra de Grétry et qui eut son heure de renommée.
Rousseau était le nom de la mère de l’artiste. Les dictionnaires bio-
graphiques et même les livrets du Salon lui donnent pour maîtres
Gros et Victor Bertin. Pour Gros, ce n’est guère plausible, car c’est à
peine, nous a-t-on dit, si le jeune Rousseau fit autre chose que de l’en-
trevoir à l’Ecole des Beaux-Arts. Quant à Bertin, s’il est exact que
Rousseau lui demanda des conseils et fréquenta quelque temps son
atelier, il ne fut cependant jamais pour lui un véritable maître. En
réalité, c’est, à notre avis, autour de lui, en voyant peindre ses
camarades et leurs aînés et en étudiant beaucoup au Louvre que
Philippe Rousseau dut faire son plus sérieux apprentissage. La
nature au surplus l’avait bien doué ; il avait l’œil fin, observateur et
pénétrant du peintre, et il était, avec cela, ce qu’il devait se montrer
toute sa vie, extrêmement sensible aux harmonies de la couleur.
En 1834, Philippe Rousseau faisait sa première apparition au
Salon avec un paysage intitulé : Vue prise en Normandie et il con-
tinuait d’exposer des paysages aux Salons de 1835, 1836, 1837, 1838,
1839 et 1841. De ces premières productions du jeune artiste, nous ne
dirons rien, pour cette excellente raison qu’il n’y a rien à en dire. Ce
n’était point dans cette direction que Philippe Rousseau devait ren-
contrer le succès. Tout le premier, du reste, il le sentit car, dès le
Salon de 1843, nous le voyons brusquement changer de genre et
exposer quelques portraits. Ils ne furent peut-être guère plus remar-
qués que ne l’avaient été ses paysages. Enfin, au Salon de 1844, il
apparaît avec trois tableaux représentant des natures mortes. Du
coup, il avait trouvé sa voie. Toutefois, son premier sérieux succès
date seulement du Salon de 1845, où il expose : Le Rat de ville et le
Rat des champs, qui appartient à M. le duc de Trévise, un Chien, des
Fruits et une autre Nature morte. Il obtint là sa première récompense,
une médaille de 3e classe, et elle était bien méritée. Si l’on ne trouve
pas dans le Rat de ville et le Rat des champs, tout ce que la pratique et
l’expérience apporteront plus tard de virtuosité à l’artiste, on y
perçoit du moins clairement son fin esprit, son grand goût de com-
position, son tact exquis de coloriste à faire vibrer et chanter ses
tons par d’habiles contrastes ou par d’harmonieuses juxtapositions.