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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 37.1888

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Nr. 2
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Lefort, Paul: Philippe Rousseau et François Bonvin: les artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24191#0155

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PHILIPPE ROUSSEAU ET FRANÇOIS BONVIN.

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Nous signalons ce beau portrait à l’administration des Beaux-Arts,
comme tout à fait digne d’entrer un jour au Louvre.

Si, dans sa jeunesse, Philippe Rousseau connut des temps difficiles,
le succès, du moins, vint d’assez bonne heure pour les lui faire oublier.
Bien loin qu’il en soit allé de même pour François Bonvin, son
existence tout entière n’a été qu’une longue succession de luttes
contre la gène, la misère, de déceptions et d’amertumes sans compen-
sations d’amour-propre suffisantes, de souffrances cruelles, presque
sans trêve, aussi bien physiques que morales. Le destinant à beau-
coup souffrir, la nature l’avait fait patient et si robuste que, quand
vint la fin, à soixante et onze ans, il ne fallut pas moins de quinze
heures d’agonie et de luttes pour que la mort eût raison de cette forte
organisation. Né à Yaugirard, en 1817, François Bonvin était le fils
d’un vieux soldat, qui sortait des pontons anglais, et d’une mère que
la phtisie emportait alors que François n’avait encore que quatre ans.
Devenu en 1828 garde champêtre de la commune de Montrouge, le père
Bonvin s’était remarié : il eut de sa seconde femme neuf autres enfants
dont l’un fut ce pauvre Léon Bonvin, un grand artiste méconnu, que
la misère et des chagrins domestiques poussèrent, une nuit d’hiver, à
se pendre dans les bois de Meudon. Nous dirons plus loin quelquesmots
de ses délicieuses aquarelles et de ses étonnants dessins. Pour pouvoir
élever sa trop nombreuse famille, le père Bonvin, à son emploi de
garde champêtre, avait joint le métier de cabaretier. Au milieu delà
plaine de Yaugirard, encore non bâtie, sur un terrain que lui avait
donné la commune, il s’était construit avec des matériaux de démoli-
tions, une manière d’auberge dont les maraîchers et les carriers des
environs étaient les clients habituels. C’est dans ce milieu que
grandit François Bonvin. Yaille que vaille, il apprit à lire et à écrire
à l’école des frères, puis grâce à l’intervention d’un M. Duval, ancien
surveillant de l’Ecole de dessin, fondée autrefois par Bachelier dans
la rue de l’Ecole-de-Médecine, qui payait ses frais d’inscription,
les crayons et le papier, l’enfant suivait pendant deux ans les cours
de dessin de cet établissement. Il en sortait en 1830, à son grand
regret, pour faire son apprentissage comme typographe, devenait
ouvrier et plus tard, entrait comme employé à la préfecture de police,
dans le service des Halles et Marchés. Tout le temps que ne lui prenait
pas son bureau, Bonvin l’employait à dessiner. Le soir, il retournait
aux cours, soit de son ancienne école, dirigée alors par M. Lecoq
de Boisbaudran, soit aux Gobelins, ou bien il allait chez Suisse
peindre d’après le modèle. Dès qu’il le pouvait, il courait au Louvre
 
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