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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 37.1888

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Nr. 2
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Lefort, Paul: Philippe Rousseau et François Bonvin: les artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24191#0159

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PHILIPPE ROUSSEAU ET FRANÇOIS BONVIN.

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à la nature, un jour ou l’autre, après de longs circuits, elle nous
ramenât de la nature à la peinture. »

Cependant, Bonvin poursuit son œuvre; ses compositions s’ar-
rangent plus librement; ses intérieurs s’ouvrent davantage et laissent
pénétrer plus d’air et de lumière; ses personnages prennent plus de
vie; enfin sa main s’assouplit et modèle avec plus de légèreté
sans que sa couleur perde de sa force, de son intensité. L’artiste
entre alors dans la période de sa plus belle production. Au salon
de 1868, il envoie la Lettre de réception, œuvre superbe, qui fait
aujourd’hui partie de la collection de M. Vince, et les Harengs
sur le gril, une nature morte d’une qualité de facture absolument
supérieure. En 1869, il expose une Religieuse tricotant, intérieur
d’hôpital, tableau d’un sentiment admirable ; en 1870, Y Ave Maria,
entré dans la collection de M. Vince, et, en 1873, ce chef-d’œuvre
qui a pour titre : le Réfectoire, et qui fait aujourd’hui partie du
Musée du Luxembourg. Acquis à la suite de l’exposition des pein-
tures de Bonvin qui eut lieu au mois de mai 1886, chez un marchand
de tableaux de la rue Scribe, en même temps que la Servante ci la
fontaine, le Réfectoire avait appartenu d’abord au comédien Gil Pérès,
puis à Mlle Alice Régnault; quant à la Servante à la fontaine, l’artiste
en avait fait hommage, comme l’atteste l’inscription qu’il y a tracée,
« à son ami Bressant ». Bonvin comptait, en effet, beaucoup d’admira-
teurs et d’amis à la Comédie française et dans le monde des théâtres et
MM. Got, Thiron, Bressant, et d’autres encore, possèdent ou ont possédé
quelques-unes de ses plus belles et austères peintures. C’est la, ce sem-
ble, une particularité assez curieuse pour qu’elle vaille d’être notée.

Le Réfectoire est, sans conteste, pour la vérité de l’observation et
la naïve simplicité de l’arrangement, une composition de premier
ordre dans l’œuvre de l’artiste. Tout y est clair, sobre, sévèrement
étudié dans l’ensemble comme dans le détail et rendu avec la plus
rare puissance d’exécution. Pour atteindre à ce résultat, Bonvin
a procédé pour le Réfectoire, comme il l’a fait pour tous ses plus
importants tableaux, disposant son atelier, ses modèles et jus-
qu’aux moindres accessoires, tels qu’il les voulait traduire. Toutes
choses sont donc observées et rendues dans cet ouvrage avec la plus
scrupuleuse exactitude et c’était là, depuis longtemps, une habitude
chez Bonvin, car, dès 1857, alors qu’il se préparait à peindre son ta-
bleau des Forgerons, il avait loué tout exprès, en haut du faubourg
Saint-Jacques, une sorte d’appentis, ouvert au vent et tout noirci par
les fumées de .houille qu’un maréchal ferrant avait occupé et où exis-
 
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