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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
tenay, n’écrase plus seulement le métal. Il le forge en tous sens,
l’étire en barres, en tiges plus ou moins longues et fines, le tord,
le contourne, l’emploie sous tous les volumes et l’applique à tous
les usages. On peut croire, ajoute-t-il, que le marteau, l’enclume,
le stylet et le creuset de pierre furent, pendant une période considé-
rable, les seuls outils employés, et l’or le seul métal connu. »
L’énorme bracelet gaulois en or tordu du Musée de Cluny ne sem-
blait pas à E. Fontenay avoir été autrement fabriqué. Il donne en
outre, dans son livre, un spécimen moderne, qui l’a longtemps
intrigué, de ce qu’un ouvrier habile peut faire à l’aide de l’enclume,
du marteau et du ciselet seuls. C’est une chaîne à larges maillons
annulaires et plats, assemblés sans soudures par quelque ouvrier
ambulant de la Tunisie. Il en explique très facilement la fabrication,
qu’il a réalisée lui-même, à l’aide d’une barre d’or à section cruciale
dont plusieurs dessins indiquent les transformations successives.
E. Fontenay donne comme exemple de ce que l’antiquité put faire
en Egypte avec ces seuls outils l’anneau à scarabée tournant. Toutes
les parties dont il se compose sont réunies et maintenues par de
simples combinaisons d’arrangement ainsi que l’explique la figure
ci-contre qui montre les différentes phases de sa fabrication.
Mais pour manier des choses aussi délicates et les maintenir sur
l’enclume pour les battre ou dans le fourneau pour les recuire la main
était malhabile, et même insuffisante, aussi dès que les instruments de
métal sont inventés les pinces ou les tenailles apparaissent. En effet
dans Y Odyssée nous voyons l’orfèvre Laercea (xpucoxoov ^aepxea) appelé par
Nestor pour couvrir d’or les cornes d’une génisse, arriver en tenant
les instruments en cuivre de son art (xaÀxTfia. Treipaxa tsxvsu), l’enclume,
le marteau et les tenailles bien faites (suxonyrovTe 7iupypy)v) qui lui servent
à travailler l’or (xpuaov apychexo). Le noble vieillard donne 1 or.
L’ouvrier (xxXxeuç) l’adaptant avec soin, le place aux cornes de la
génisse.
On remarquera dans ce passage que l’ouvrier y reçoit deux qualifi-
catifs : l’un de ce qu’il va travailler l’or et l’autre de ce que d’habi-
tude il forge le cuivre ou l’airain, et que ses outils sont eux-mêmes
d’airain. Et le vieux rapsode a soin de noter que ses tenailles sont
bien faites. C’est que ce ne devait pas être une petite affaire en ces
époques que d’établir un outil assez compliqué dans sa forme, quelle
qu’ait été celle-ci, et capable de saisir des objets aussi petits qu’une
mince lame d’or.
L’outillage de l’orfèvre est donc encore en bronze à l’époque de
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
tenay, n’écrase plus seulement le métal. Il le forge en tous sens,
l’étire en barres, en tiges plus ou moins longues et fines, le tord,
le contourne, l’emploie sous tous les volumes et l’applique à tous
les usages. On peut croire, ajoute-t-il, que le marteau, l’enclume,
le stylet et le creuset de pierre furent, pendant une période considé-
rable, les seuls outils employés, et l’or le seul métal connu. »
L’énorme bracelet gaulois en or tordu du Musée de Cluny ne sem-
blait pas à E. Fontenay avoir été autrement fabriqué. Il donne en
outre, dans son livre, un spécimen moderne, qui l’a longtemps
intrigué, de ce qu’un ouvrier habile peut faire à l’aide de l’enclume,
du marteau et du ciselet seuls. C’est une chaîne à larges maillons
annulaires et plats, assemblés sans soudures par quelque ouvrier
ambulant de la Tunisie. Il en explique très facilement la fabrication,
qu’il a réalisée lui-même, à l’aide d’une barre d’or à section cruciale
dont plusieurs dessins indiquent les transformations successives.
E. Fontenay donne comme exemple de ce que l’antiquité put faire
en Egypte avec ces seuls outils l’anneau à scarabée tournant. Toutes
les parties dont il se compose sont réunies et maintenues par de
simples combinaisons d’arrangement ainsi que l’explique la figure
ci-contre qui montre les différentes phases de sa fabrication.
Mais pour manier des choses aussi délicates et les maintenir sur
l’enclume pour les battre ou dans le fourneau pour les recuire la main
était malhabile, et même insuffisante, aussi dès que les instruments de
métal sont inventés les pinces ou les tenailles apparaissent. En effet
dans Y Odyssée nous voyons l’orfèvre Laercea (xpucoxoov ^aepxea) appelé par
Nestor pour couvrir d’or les cornes d’une génisse, arriver en tenant
les instruments en cuivre de son art (xaÀxTfia. Treipaxa tsxvsu), l’enclume,
le marteau et les tenailles bien faites (suxonyrovTe 7iupypy)v) qui lui servent
à travailler l’or (xpuaov apychexo). Le noble vieillard donne 1 or.
L’ouvrier (xxXxeuç) l’adaptant avec soin, le place aux cornes de la
génisse.
On remarquera dans ce passage que l’ouvrier y reçoit deux qualifi-
catifs : l’un de ce qu’il va travailler l’or et l’autre de ce que d’habi-
tude il forge le cuivre ou l’airain, et que ses outils sont eux-mêmes
d’airain. Et le vieux rapsode a soin de noter que ses tenailles sont
bien faites. C’est que ce ne devait pas être une petite affaire en ces
époques que d’établir un outil assez compliqué dans sa forme, quelle
qu’ait été celle-ci, et capable de saisir des objets aussi petits qu’une
mince lame d’or.
L’outillage de l’orfèvre est donc encore en bronze à l’époque de