LES VAN DE VELDE.
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réalité, à en pénétrer l’intime poésie, à en exprimer les traits les
plus caractéristiques. Vous ne rencontrerez chez lui ni cette disposi-
tion toujours pareille des trois tons — le brun vigoureux des premiers
plans, la lumière jaunâtre du centre et les bleus très accusés des
lointains — dont la monotonie dépare trop souvent les ouvrages des
Bril, des J. Brueghel, des Josse de Momper et des autres Flamands ;
ni ces tentatives malencontreuses de fondre entre eux des éléments
empruntés à la fois à la nature du Nord et à celle du Midi, ainsi que
le faisaient les italianisants de cette époque. Esaïas accepte, il aime la
simplicité de ces perspectives familières, dans lesquelles les jeux de
la lumière, les accidents du sol, la diversité des végétations et les
aspects variés qu’elles prennent suivant les différentes saisons lui
paraissent offrir un intérêt suffisant. Ses Effets d’hiver parmi lesquels
nous citerons : les Amusements sur la glace du Musée d’Amsterdam et
de la Pinacothèque, le petit panneau circulaire appartenant au duc
d’Arenberg et qui a figuré à l’Exposition de Bruxelles en 1886 et les
deux pendants, YÉté et l’Hiver de la collection Habich au Musée de
Cassel, forment à peu près — avec le Bastion près d’un canal du Musée
de Berlin, le Paysage de la galerie Moltke à Copenhague et le Paysage
boise du Musée de Harlem — tout son œuvre de paysagiste. Son
exécution y apparaît parfois un peu sommaire, mais toujours pleine
de netteté et de décision, comme dans ses autres tableaux. Sur des
frottis légers, faits d’un ton coloré et transparent qui sert à la fois
de préparation et de soutien à sa peinture il sait indiquer très fran-
chement ses lumières par des rehauts empâtés, posés d’une touche
ferme et incisive. Bien qu'on retrouve encore çà et là dans ses arbres
quelques-unes de ces formes rondes ou de ces branchages un peu raides
que leur ont donnés la plupart de ses contemporains, sa façon de
rendre le feuillé est cependant en progrès marqué sur la leur. Esaïas,
du reste, a eu l’honneur d’être le maître de Van Goyen et dans les
premiers ouvrages de son élève, notamment dans le petit paysage
de Brunswick daté de 1623, l’influence qu’il a exercée sur lui est très
accusée. Van Goyen, en effet, y montre encore ces colorations
diaprées dont il devait par la suite restreindre de plus en plus la
gamme, en adoptant la monochromie presque absolue qui fait le
charme et l’originalité de ses tableaux.
On le voit, dans toutes les directions Esaïas Van de Velde a laissé
sa trace. Sans avoir l’ampleur de talent, ni la suprême originalité de
Frans Hais, il a eu sur ses contemporains et ses successeurs une action
presque égale à celle du grand portraitiste de Harlem. Plus franche-
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réalité, à en pénétrer l’intime poésie, à en exprimer les traits les
plus caractéristiques. Vous ne rencontrerez chez lui ni cette disposi-
tion toujours pareille des trois tons — le brun vigoureux des premiers
plans, la lumière jaunâtre du centre et les bleus très accusés des
lointains — dont la monotonie dépare trop souvent les ouvrages des
Bril, des J. Brueghel, des Josse de Momper et des autres Flamands ;
ni ces tentatives malencontreuses de fondre entre eux des éléments
empruntés à la fois à la nature du Nord et à celle du Midi, ainsi que
le faisaient les italianisants de cette époque. Esaïas accepte, il aime la
simplicité de ces perspectives familières, dans lesquelles les jeux de
la lumière, les accidents du sol, la diversité des végétations et les
aspects variés qu’elles prennent suivant les différentes saisons lui
paraissent offrir un intérêt suffisant. Ses Effets d’hiver parmi lesquels
nous citerons : les Amusements sur la glace du Musée d’Amsterdam et
de la Pinacothèque, le petit panneau circulaire appartenant au duc
d’Arenberg et qui a figuré à l’Exposition de Bruxelles en 1886 et les
deux pendants, YÉté et l’Hiver de la collection Habich au Musée de
Cassel, forment à peu près — avec le Bastion près d’un canal du Musée
de Berlin, le Paysage de la galerie Moltke à Copenhague et le Paysage
boise du Musée de Harlem — tout son œuvre de paysagiste. Son
exécution y apparaît parfois un peu sommaire, mais toujours pleine
de netteté et de décision, comme dans ses autres tableaux. Sur des
frottis légers, faits d’un ton coloré et transparent qui sert à la fois
de préparation et de soutien à sa peinture il sait indiquer très fran-
chement ses lumières par des rehauts empâtés, posés d’une touche
ferme et incisive. Bien qu'on retrouve encore çà et là dans ses arbres
quelques-unes de ces formes rondes ou de ces branchages un peu raides
que leur ont donnés la plupart de ses contemporains, sa façon de
rendre le feuillé est cependant en progrès marqué sur la leur. Esaïas,
du reste, a eu l’honneur d’être le maître de Van Goyen et dans les
premiers ouvrages de son élève, notamment dans le petit paysage
de Brunswick daté de 1623, l’influence qu’il a exercée sur lui est très
accusée. Van Goyen, en effet, y montre encore ces colorations
diaprées dont il devait par la suite restreindre de plus en plus la
gamme, en adoptant la monochromie presque absolue qui fait le
charme et l’originalité de ses tableaux.
On le voit, dans toutes les directions Esaïas Van de Velde a laissé
sa trace. Sans avoir l’ampleur de talent, ni la suprême originalité de
Frans Hais, il a eu sur ses contemporains et ses successeurs une action
presque égale à celle du grand portraitiste de Harlem. Plus franche-