Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 37.1888

DOI issue:
Nr. 3
DOI article:
Bode, Wilhelm von: La Renaissance au Musée de Berlin, 3, Les maîtres italiens du XIVe siècle
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24191#0218

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
198

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Un attrait particulier des tableaux italiens du xive siècle, c'est
qu’ils sont traités comme des miniatures, à la façon des œuvres
admirables de l’École de Sienne. Dans cet ordre d’idées, le Musée de
Berlin offre un nombre considérable de beaux exemples, bien qu’il
ne contienne pas de spécimens importants de la peinture à fresque
de cette époque. A part les musées d’Italie, il n’est pas de collections
qui soit plus riche en œuvres excellentes des trécentistes.

Le premier grand effort qui ait été tenté pour affranchir la pein-
ture italienne et pour l’arracher aux entraves qui l’enchaînaient à
l’art byzantin déchu, on le doit à Cimabué. Parmi le petit nombre
d’œuvres authentiques de ce maître, qui se soient conservées entre nos
mains, il n’y a actuellement, comme on le sait, en dehors de l’Italie,
que deux œuvres capitales, l'une au Louvre et l’autre à la National
Gallery. La galerie de Berlin n’en a pas. Je crois cependant qu’une
peinture, divisée en cinq petits compartiments (n° 1042), portant
jusqu’à présent la singulière mention : École florentine du xne siècle,
avant l’imitation de l’École byzantine, peut être considérée comme un
travail intéressant sortant de l’École de Cimabué. La Vierge, sur un
trône, est encadrée dans deux scènes de la Passion. L’attitude solen-
nelle de la figure de la Vierge, la forme du trône élevé, les couleurs
sobres concordent parfaitement avec les tableaux les plus authen-
tiques de Cimabué. Dans les scènes de la Passion, celle de la trans-
formation de l’eau en vin est empreinte d’un sentiment manifeste de
délicate humanité.

De Giotto nous n’avons qu’un petit tableau dont l’exécution pour-
rait bien remonter au maître lui-même : c’est un Crucifiement, avec
de nombreuses figures (n° 1874 A). Le Christ sur la croix, noble
figure conservant à peine les traces de l’agonie, est entouré d’anges
éplorés; à gauche, la Vierge Marie, défaillante, soutenue par
saint Jean ; à droite, les soldats et les pharisiens se parlant avec
émotion : tout cela forme un morceau plein de grandeur et d’effet,
remarquable surtout par l’harmonie des couleurs et par un ton de
chair particulièrement délicat.

Acquis comme œuvres du Giotto et déjà désignés comme tels par
Vasari, il faut citer encore deux petits tableaux (nos 1073-1074) qui,
avec une vingtaine d’épisodes de même style de la vie du Christ et de
la vie de saint François, dont la plupart se trouvent actuellement à
l’Académie de Florence, ornaient les panneaux d’une armoire de
sacristie à Santa-Croce, de Florence. Conformément à l’opinion
émise par MM. Croweet Cavalcaselle, ces tableaux sont àprésent consi-
 
Annotationen