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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 37.1888

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Nr. 3
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Bode, Wilhelm von: La Renaissance au Musée de Berlin, 3, Les maîtres italiens du XIVe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24191#0220

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200

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

la Vierge, plus grand, qui me paraissent être, l’un et l’autre, des
œuvres caractéristiques de maître Bernardo.

Je passe sur une série de moindres tableaux, difficiles à rattacher
à un maître ou même à une tendance quelconque, pour jeter un coup
d’œil sur les toiles des peintres de Sienne du trecento, qui sont encore
plus nombreuses et plus variées que celles de Florence.

Une des dernières acquisitions a procuré à la galerie une pein-
ture en trois parties de Duccio, la Naissance du Christ. Au milieu, et
sur les côtés, les figures en pied des prophètes Esaïe et Ezechiel. Ce
tableau formait, dans le principe, une partie du célèbre tableau
d’autel de Duccio, de la cathédrale de Sienne, ce qui est mis hors de
doute par le rapport qu’il a avec lui dans plusieurs de ses parties,
au point de vue des mouvements, de la forme et de la disposition des
personnages. La découverte de ce panneau a été le point de repère
sur lequel on s’est appuyé pour reconstituer d’une manière satis-
faisante l’ensemble du tableau de la cathédrale. Au-dessous de la
grande figure du milieu, représentant la Madone sur un trône, il y
avait sept scènes de l’Enfance du Christ, séparées les unes des autres
par des figures de prophètes. Au-dessus du tableau principal étaient
rangées, de même façon, sept compositions, se rapportant à la Mort
de la Vierge et les bustes des apôtres; sur l’envers du tableau étaient
peintes des scènes de la Arie et de la Passion de Jésus-Christ.

La Naissance du Christ de la collection de Berlin montre combien
Duccio, même dans les figures accessoires, s’en tient encore à ses
modèles byzantins; mais l’animation qu’il donne à toutes les figures,
la manière dont il nous pénètre de son sentiment, l’heureuse dispo-
sition de ses couleurs foncées et vigoureuses, le charme de ses têtes
juvéniles et le grand caractère de ses figures de prophètes prouvent
que c’est avec raison qu’on célèbre Duccio comme l’émancipateur de
l’art délivré de ses chaînes byzantines, et comme le fondateur d’une
école indépendante.

La galerie ne peut certainement pas se vanter de posséder aucune
œuvre du grand successeur de Duccio, Simone Martini. Mais un
intéressant petit panneau d’un de ses élèves, représentant une scène
de la Vie de sainte Marguerite (n° 1069), donne une juste idée de ses
tendances. La jeune sainte est arrachée au foyer paternel, sur l’ordre
de l’empereur Aurélien, qui l’a choisie comme épouse. Le contraste
entre le général romain et son escorte, que l’artiste a fait aussi peu
nombreuse que possible, et l’attitude solennelle de la sainte qui lui
adresse ses supplications, de même que le désespoir des deux servantes
 
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