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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 37.1888

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Nr. 5
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Fourcaud, Louis de: François Rude, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24191#0392

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FRANÇOIS RUDE.

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en eux l’amour de l’antique bien plutôt que le respect du réel. On lit
Plutarque et Télémaque, Virgile, Homère et le Voyage du jeune Ana-
charsis; on n’admet guère que la réalité coutumière puisse être noble
en soi. Devosge subit la loi de son temps : il fait tout dériver des
chefs-d’œuvre de la Grèce et de Rome, il y rapporte même l’étude du
modèle vivant. L’ancienne manière française si directe, si franche,
si simple d’exprimer la vie, il en tient peu de compte 1. Et lorsque,
vers 1790, il veut envoyer à Paris son fils Anatole, le maître auquel
il l’adresse est justement le peintre des antiques, Louis David.

C’est à ce point d’esthétique qu’on en est à Dijon et en France, au
moment où Rude vient au monde. Mais, avant de raconter son
histoire, il est nécessaire de déterminer la situation morale et
sociale de la Bourgogne à cette époque. Nous pourrons alors nous
expliquer la formation de son caractère comme les origines de son
talent.

IL

Le vent d’émancipation qui souffle par tout le royaume, au
dernier quart du xvme siècle, ne se fait pas sentir en Bourgogne
autrement qu’ailleurs. On est pauvre; l’agriculture souffre; les
mauvaises années se succèdent et les contributions, de plus en plus
lourdes, disposent aux mutineries. A la longue, tout devient motif
de surexcitation. La question fiscale, tout spécialement, est une
source de perpétuels conflits entre l’autorité judiciaire, l’adminis-
tration municipale et le pouvoir royal. Au mois de décembre 1786,
l’avocat Morelet a écrit, dans un Mémoire pour la ville de Dijon,
relatif aux droits d’octroi de Nuits et de Beaune : « L’octroi n’est
pas un impôt. » L’intendant de la province, marquis de Chaillou,
outré d’une doctrine qui permettrait de refuser la redevance, exige
que le jurisconsulte soit réprimandé et puni et qu’il y ait une
assemblée de notables sous trois jours. Grand tapage et grande
émotion parmi les bourgeois qui, tous, prennent parti pour Morelet,
Sur la même question, voici que le Parlement se met en brouille

1. Les Dijonnais ont fort bien compris le caractère de l’enseignement de
Devosge, et ils en sont fiers. Lors de l’inauguration de son buste, par Attire!, en
décembre 1800, on dit en propres termes : « Bien avant que David et ses élèves
couronnassent dans Vieil le restaurateur du bon goût, l’idée de donner à M. Devosge
une semblable fête existait déjà. » Journal de la Côte-d’Or, 15 frimaire an IX
(6 décembre 1800).
 
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