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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
la rue Petite-Poissonnerie G proche la rue du Lacet et la rue Musette.
C’était un homme robuste et industrieux. Je l’ai vu qualifier, en des
actes de famille, de « maître poêlier »; nous savons, cependant, qu’il
faisait toujours de la chaudronnerie et de la serrurerie encore. Comme
la prospérité lui venait peu à peu, il acheta, le 25 octobre 1783, la mai-
son qu’il habitait2, appartement à Charles Châlons, ancien menui-
sier. Le logis se distribue de la façon suivante : en bas, P atelier-
magasin, où, d’un côté, se rangent les marchandises et, de l’autre,
s’entremêlent les outils, l’étau, la forge, à portée du brasier à rougir
le fer, au-dessous du grand soufflet qui ronfle; une assez vaste pièce
avec alcôve sous la montée d’un escalier ouvrant au dehors ; puis,
une médiocre cuisine. En haut, quatre petites chambres, louées à
des étrangers. Les époux occupent le rez-de-chaussée. C’est dans
l’alcôve, dès longtemps supprimée par le déplacement de l’escalier,
que Claudine a mis au monde neuf enfants, dont le troisième est
François qui fait l’objet de cette étude 3.
1. Aujourd’hui, rue François Rude, depuis Î855.
2. Acte reçu par maître Bouché, notaire à Dijon.
3. Voici les noms de ces neuf enfants et la date de leur naissance, avec les
noms de leur parrains et marraines dont les professions ou qualités caractérisent
bien le milieu social de la jeunesse de Rude. 1° Françoise, née le 24 mars 4781 ;
parrain, Jean Peucque, chaudronnier, marraine, Françoise Tournois, femme de
Claude Bourlier, laboureur à Arc-sur-Tille, « laquelle a déclaré ne savoir signer ».
— 2° Catherine, née le 14 novembre 1782; parrain, Claude Bourlier, laboureur,
marraine, Catherine Cornu, femme de Jean Peucque. « Le parrain et la marraine
ne svea signer. » — 3° François, dont nous racontons la vie. — 4° Antoine, né
le 2 avril 1786; parrain, Antoine Maire, perruquier, marraine, Élisabeth Clergeon,
femme d’Étienne Goustard, marchand de vin. — 3° Christine, née le 3 février 1788;
parrain, Hubert Royer, bourgeois, marraine, Christine Guillebaut, fille de feu
Léonard Guillebaut, entrepreneur. — 6» Jacques, né le 12 août 1789; parrain,
Jacques Duperrier, fondeur, marraine, Marguerite Thévenin, femme de Jean-
Claude Curot, coutelier. — 7° Anne, née le 21 février 1791; parrain, Vincent Cha-
venton, cordonnier, marraine, Anne Ancemot, fille majeure, « laquelle ne signe. » —
8° Françoise II, née le 27 juillet 1792; parrain et marraine, François et Françoise
Rude, frère et sœur de l’enfant. — 9° Rose, née le 22 brumaire an III de la Répu-
blique; témoins Étienne Dubarry, vitrier, et Jean Bénigne Vidal, chaudronnier,
demeurant rue des Sans-culottes. (Archives de l’état civil de Dijon.)
J’ai cherché les traces de chacun de ces enfants : j’ai trouvé ce qui suit. Cathe-
rine est morte à Dijon, le 2 septembre 1783; Anne le 21 mars 1793; Rose, le
9 ventôse, an III de la République; Françoise II, le 28 mars 1806, poitrinaire.
Antoine, canonnier de marine sur le vaisseau Y Illustre, meurt à l'hôpital maritime
d’Hemixhem, province d’Anvers, le 26 décembre 1811. (Je dois ce dernier rensei-
gnement à M. Philibert Milsand, le savant auteur de la Bibliographie bourguignonne.)
Je laisse de côté François, dont nous suivrons pas à pas la glorieuse carrière.
Sur Françoise I, Jacques et Christine, je n’ai pu jusqu’ici rien découvrir (avril 1888)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
la rue Petite-Poissonnerie G proche la rue du Lacet et la rue Musette.
C’était un homme robuste et industrieux. Je l’ai vu qualifier, en des
actes de famille, de « maître poêlier »; nous savons, cependant, qu’il
faisait toujours de la chaudronnerie et de la serrurerie encore. Comme
la prospérité lui venait peu à peu, il acheta, le 25 octobre 1783, la mai-
son qu’il habitait2, appartement à Charles Châlons, ancien menui-
sier. Le logis se distribue de la façon suivante : en bas, P atelier-
magasin, où, d’un côté, se rangent les marchandises et, de l’autre,
s’entremêlent les outils, l’étau, la forge, à portée du brasier à rougir
le fer, au-dessous du grand soufflet qui ronfle; une assez vaste pièce
avec alcôve sous la montée d’un escalier ouvrant au dehors ; puis,
une médiocre cuisine. En haut, quatre petites chambres, louées à
des étrangers. Les époux occupent le rez-de-chaussée. C’est dans
l’alcôve, dès longtemps supprimée par le déplacement de l’escalier,
que Claudine a mis au monde neuf enfants, dont le troisième est
François qui fait l’objet de cette étude 3.
1. Aujourd’hui, rue François Rude, depuis Î855.
2. Acte reçu par maître Bouché, notaire à Dijon.
3. Voici les noms de ces neuf enfants et la date de leur naissance, avec les
noms de leur parrains et marraines dont les professions ou qualités caractérisent
bien le milieu social de la jeunesse de Rude. 1° Françoise, née le 24 mars 4781 ;
parrain, Jean Peucque, chaudronnier, marraine, Françoise Tournois, femme de
Claude Bourlier, laboureur à Arc-sur-Tille, « laquelle a déclaré ne savoir signer ».
— 2° Catherine, née le 14 novembre 1782; parrain, Claude Bourlier, laboureur,
marraine, Catherine Cornu, femme de Jean Peucque. « Le parrain et la marraine
ne svea signer. » — 3° François, dont nous racontons la vie. — 4° Antoine, né
le 2 avril 1786; parrain, Antoine Maire, perruquier, marraine, Élisabeth Clergeon,
femme d’Étienne Goustard, marchand de vin. — 3° Christine, née le 3 février 1788;
parrain, Hubert Royer, bourgeois, marraine, Christine Guillebaut, fille de feu
Léonard Guillebaut, entrepreneur. — 6» Jacques, né le 12 août 1789; parrain,
Jacques Duperrier, fondeur, marraine, Marguerite Thévenin, femme de Jean-
Claude Curot, coutelier. — 7° Anne, née le 21 février 1791; parrain, Vincent Cha-
venton, cordonnier, marraine, Anne Ancemot, fille majeure, « laquelle ne signe. » —
8° Françoise II, née le 27 juillet 1792; parrain et marraine, François et Françoise
Rude, frère et sœur de l’enfant. — 9° Rose, née le 22 brumaire an III de la Répu-
blique; témoins Étienne Dubarry, vitrier, et Jean Bénigne Vidal, chaudronnier,
demeurant rue des Sans-culottes. (Archives de l’état civil de Dijon.)
J’ai cherché les traces de chacun de ces enfants : j’ai trouvé ce qui suit. Cathe-
rine est morte à Dijon, le 2 septembre 1783; Anne le 21 mars 1793; Rose, le
9 ventôse, an III de la République; Françoise II, le 28 mars 1806, poitrinaire.
Antoine, canonnier de marine sur le vaisseau Y Illustre, meurt à l'hôpital maritime
d’Hemixhem, province d’Anvers, le 26 décembre 1811. (Je dois ce dernier rensei-
gnement à M. Philibert Milsand, le savant auteur de la Bibliographie bourguignonne.)
Je laisse de côté François, dont nous suivrons pas à pas la glorieuse carrière.
Sur Françoise I, Jacques et Christine, je n’ai pu jusqu’ici rien découvrir (avril 1888)