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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
allemand où les perles ont été ainsi traitées; mais ils sont relati-
vement rares : chez nous on a préféré les sertir ou les fixer par une
branche de métal qui les traverse de part en part. Le système que
je viens d’indiquer semble avoir été général à Byzance, car nous le
rencontrons non seulement sur les reliures ‘, mais nous le retrouvons
encore sur les bordures de calices, sur les couronnes. J’aurai d’ail-
leurs à y revenir.
Un autre genre de décoration qu’il faut aussi signaler, ce sont
les compartiments d’entrelacs, non pas des entrelacs de rinceaux
comme on en trouve partout, mais de véritables entrelacs à dessins
géométriques comme on en rencontre en Occident dans un grand
nombre de manuscrits et surtout dans les manuscrits anglo-saxons 1 2.
Il faut remarquer cette particularité parce qu’elle pourrait parfois
induire en erreur sur la nationalité de certains monuments. Ce
n’est pas du reste seulement au Trésor de Saint-Marc que se trouvent
des exemples de cette décoration. La Vierge byzantine de la cathé-
drale de Liège, épave du sac de 1204, offre également un exemple
caractéristique de cette décoration alliée au filigrane, mais avec
lequel on ne saurait la confondre 3 : l’une est le résultat d’un
travail de gravure, de ciselure, de repoussage ou d’estampage, tandis
que l’autre est produit au moyen de métal rapporté.
Parmi les reliures du Trésor de Saint-Marc, une seule nous offre
la scène de la Crucifixion exécutée sur une seule et même plaque au
moyen de l’émail cloisonné 4 5 et encore les dimensions du sujet
sont-elles loin d’atteindre celles des plaques de reliure du Trésor
royal de Munich s ou du Trésor de Gran 6. Un tableau qui représente
1. Voyez Tesoro, pl. VI, VII, VIII, IX, X, XI.
2. Voyez notamment, Tesoro, pl. XII.
3. Voyez une bonne reproduction de la Vierge de la cathédrale de Liège dans
Y Art et l’industrie d’autrefois dans les régions de la Meuse belge, par G. de Linas,
p. 81. Un reliquaire byzantin conservé dans le trésor de la cathédrale de Gran, en
Hongrie, offre une bordure du même genre.
4. Tesoro, pl. XXIII.
5. Publiée dans Hefner-Alteneck. Costumes, œuvres d’art et ustensiles depuis le
commencement du moyen âge, 2® édition.
6. La reliure de Gran, œuvre byzantine de premier ordre, provient peut-être des
bagages d’un cardinal interceptés au retour de la croisade de 1204 par les Hongrois.
Je risque, après M. de Linas, cette identification qui amènera peut-être à connaître
la vérité. Voyez au sujet de ce vol, Riant, Des dépouilles religieuses enlevées à
Constantinople au XIIIe siècle par les Latins, p. 193 (Extrait des Mém. de la Soc. des
Antiq. de France, t. XXXV); et Exuviae sacrae Constantinopolitanae, II, 63.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
allemand où les perles ont été ainsi traitées; mais ils sont relati-
vement rares : chez nous on a préféré les sertir ou les fixer par une
branche de métal qui les traverse de part en part. Le système que
je viens d’indiquer semble avoir été général à Byzance, car nous le
rencontrons non seulement sur les reliures ‘, mais nous le retrouvons
encore sur les bordures de calices, sur les couronnes. J’aurai d’ail-
leurs à y revenir.
Un autre genre de décoration qu’il faut aussi signaler, ce sont
les compartiments d’entrelacs, non pas des entrelacs de rinceaux
comme on en trouve partout, mais de véritables entrelacs à dessins
géométriques comme on en rencontre en Occident dans un grand
nombre de manuscrits et surtout dans les manuscrits anglo-saxons 1 2.
Il faut remarquer cette particularité parce qu’elle pourrait parfois
induire en erreur sur la nationalité de certains monuments. Ce
n’est pas du reste seulement au Trésor de Saint-Marc que se trouvent
des exemples de cette décoration. La Vierge byzantine de la cathé-
drale de Liège, épave du sac de 1204, offre également un exemple
caractéristique de cette décoration alliée au filigrane, mais avec
lequel on ne saurait la confondre 3 : l’une est le résultat d’un
travail de gravure, de ciselure, de repoussage ou d’estampage, tandis
que l’autre est produit au moyen de métal rapporté.
Parmi les reliures du Trésor de Saint-Marc, une seule nous offre
la scène de la Crucifixion exécutée sur une seule et même plaque au
moyen de l’émail cloisonné 4 5 et encore les dimensions du sujet
sont-elles loin d’atteindre celles des plaques de reliure du Trésor
royal de Munich s ou du Trésor de Gran 6. Un tableau qui représente
1. Voyez Tesoro, pl. VI, VII, VIII, IX, X, XI.
2. Voyez notamment, Tesoro, pl. XII.
3. Voyez une bonne reproduction de la Vierge de la cathédrale de Liège dans
Y Art et l’industrie d’autrefois dans les régions de la Meuse belge, par G. de Linas,
p. 81. Un reliquaire byzantin conservé dans le trésor de la cathédrale de Gran, en
Hongrie, offre une bordure du même genre.
4. Tesoro, pl. XXIII.
5. Publiée dans Hefner-Alteneck. Costumes, œuvres d’art et ustensiles depuis le
commencement du moyen âge, 2® édition.
6. La reliure de Gran, œuvre byzantine de premier ordre, provient peut-être des
bagages d’un cardinal interceptés au retour de la croisade de 1204 par les Hongrois.
Je risque, après M. de Linas, cette identification qui amènera peut-être à connaître
la vérité. Voyez au sujet de ce vol, Riant, Des dépouilles religieuses enlevées à
Constantinople au XIIIe siècle par les Latins, p. 193 (Extrait des Mém. de la Soc. des
Antiq. de France, t. XXXV); et Exuviae sacrae Constantinopolitanae, II, 63.