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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 37.1888

DOI issue:
Nr. 5
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Molinier, Émile: Le trésor de Saint-Marc à Venise, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24191#0426

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392

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

l'incendie de 1231 dut détruire la majeure partie des étoffes; le temps
s’est chargé de venir à bout du reste : aujourd’hui Saint-Marc ne peut
montrer que deux devants d’autel (frontale). L’un 1 est une broderie
authentique du xne siècle. Sur un fond de soie violette sont brodés
les archanges Michel et Gabriel, debout, tenant d’une main le globe,
de l’autre un sceptre. Au-dessous de ces deux figures est brodée une
longue inscription qui nous apprend que ce frontale est une offrande
de Constantin Comnène, cousin de Manuel Comnène2. Des feuillages,
également brodés, bordent cette pièce d’étoffe qui, par sa date, offre
un intérêt tout particulier. Je lui préfère néanmoins, au point de
vue de l’art, un autre devant d’autel, sans doute de la même époque,
qui représente deux anges veillant sur le corps du Christ couché dans
son tombeau 3. Le Sauveur est étendu tout de son long, les mains
croisées; il est vêtu d’un petit jupon court et sous son bras droit est
placé le livre de vie. Les deux anges, vêtus de longues tuniques,
tiennent dans leurs mains deux éventails à longues hampes, deux
flabella du genre de ceux que les inventaires du moyen âge nomment
cherubim. Ce sont, en effet, des chérubins qui y sont représentés : leurs
figures brodées de blanc, entourées de trois paires d’ailes brodées de
vert se détachent sur un fond rouge. M. de Linas a retracé, dans un
mémoire d’une profonde érudition, l’histoire de ce meuble liturgique4,
depuis ces flabella de parchemin peint ou de métal ciselé et émaillé
qui ont passé pendant longtemps pour des croix de consécration
jusqu’à ces vulgaires chasse-mouches en plumes de paon que l’on porte
dans certaines cérémonies devant le Souverain Pontife. Je crois
néanmoins que ceux de Saint-Marc lui ont échappé; ils n’auraient du
reste rien apporté de nouveau à son excellente dissertation : ce sont
exactement les rhipides figurés dans les fresques byzantines de l’église
de Nékrési au Caucase et le flabellum de l’Eglise russe actuelle n’en
diffère que médiocrement 5. Les personnages du frontale de Saint-
Marc, y compris les symboles des Evangélistes qui en garnissent les
angles, se détachent sur un fond, que le temps a rendu jaune d’or,
semé de croix inscrites dans des disques. La bordure surtout mérite
une mention spéciale à cause des feuillages délicats qui en forment

4. Tesoro, planche XIX, n° 42 a.

2. Tesoro, p. 77, 78.

3. Tesoro, pi. LXVIII, n° 166.

4. C. de Linas, les Disques crucifères, le flabellum et l’umbella. (Extrait de la
Revue de l’art chrétien, 4883 et 4884.)

5. C. de Linas, ouvrage cité, p. 46, 47 et 54.
 
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