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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 37.1888

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Nr. 5
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Renan, Ary: Torcello, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24191#0448

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

la Vierge. C’est l’Antéchrist, et ces damnés sont les orgueilleux, les
superbes du Dante, empereurs, impératrices, faux prophètes, etc.
L’ajustement et la coiffure de plusieurs de ces bustes sont analogues à
celui des figures des mosaïques de la façade de Saint-Marc du xme siè-
cle, par exemple de celle qui représente la dédicace de l’église.

Sixième zone, coupée par la porte. —Partie de droite. Cette partie se
divise elle-même en six compartiments b Dans le premier pénètrent
encore les remous du fleuve de feu : trois figures nues, personnifiant
les luxurieux, qui peccaverunt ab ombilicoet inferius, sont plongés dans
les flammes. Dans le second, quatre figures également nues qui, au
lieu d’être dans une fournaise, paraissent se mouvoir dans l’obscurité,
symbolisent ceux qui ont commis le péché de colère et de violence;
deux d’entre elles se rongent les mains. Dans le troisième, fort
indistinct, les oisifs sont ensevelis au fond d’un noir bourbier. Dans le
quatrième, ceux qui ont péché par la vue sont représentés sous la
forme de crânes dans les orbites desquels s’introduisent des serpents.
Dans le cinquième, des têtes coupées, se détachant sur un fond de
flammes et portant presque toutes aux oreilles des pendants de métal
incandescent, figurent le supplice de ceux qui ont péché par le sens
de l’ouïe ; enfin, dans le sixième compartiment, des crânes, des osse-
ments divers, des mains et des pieds décharnés, épars dans une nuit
épaisse, montrent la punition de ceux qui se sont damnés par le sens
du toucher. En joignant à ces six divisions la partie superposée de
la zone précédente, on a le tableau grossier, mais effrayant, de la
seconde mort dont parle l’Apocalypse, peint avec une conviction telle
qu’elle remplace l’art et la beauté. L’Enfer d’Orcagna au Campo-
Santo de Pise n’a pas de plus terribles couleurs.

Partie de gauche. Cette dernière composition représente, à coup sûr,
une scène de la vie bienheureuse, un tableau édénique opposé au ter-
rible scheol qui lui fait pendant. Des fleurs jonchent le sol, des arbres
se dressent dans le fond. Une porte de marbre, naïvement figurée,
s’ouvre dans ce jardin, encadrant un chérubin armé qui la garde. A
droite de cette porte, un ange et saint Pierre portant ses clefs, la 1

1. L’obscurité qui règne dans les angles formés par les murs du pignon occidental
et les deux pilastres qui amorcent la colonnade empêche de bien distinguer le troi-
sième et le sixième compartiment. La photographie s’arrête là où la lumière cesse ;
il manque donc une bande, une bande fort étroite, à la droite et à la gauche de nos
gravures pour qu’elles soient complètes ; mais les parties manquantes n’ont heu-
reusement qu’un faible intérêt.
 
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