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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
cependant par la belle coulée de soleil qui incendie les fonds faisant
étinceler le rouge des tuiles et couvrant de paillettes d’or un tas de
fumier où picorent quelques poules.
On goûtera également le tableau la Porchère, dont nous donnons
une reproduction; il provient de la collection de M. Jos. Fau qui
l’avait acquis à la première vente Decamps en 1853. Le peintre de
genre se montre aussi sous un jour des plus favorables avec un
Paysan italien allumant sa pipe et des Petits mendiants. Ce dernier sujet,
peint à l’aquarelle, paraîtrait osé si Murillo ne l’avait traité avant
Decamps, et ne s’était complu à le répéter ; il n’est guère de musée,
en effet, qui ne montre un tableau de « Pouilleux » vrai ou faux,
mais toujours attribué au maître espagnol.
Je passe, à regret, sur les beaux paysages, les scènes de chasse,
les tableaux de sainteté et les études d’animaux qui complètent
l’important lot des Decamps, me bornant à signaler un dessin au
fusain, rehaussé de pastel et de gouache, où l’on voit, au milieu d’un
paysage oriental, Diogène jetant sa sébile. Ce dessin bien connu a passé
par les collections Didier et J. Fau.
La collection de M. S. Goldschmidt renferme dix ouvrages
d’Eugène Delacroix. Les Côtes du Maroc, superbe paysage-marine,
déjà vu et beaucoup admiré à l’Exposition des Cent chefs-d’œuvre, et
le Christ en croix de la collection Laurent-Richard sont trop connus
pour qu’il y ait lieu d’insister; l’intérêt de curiosité se portera sur
certaines toiles qui ont directement passé de l’atelier de Delacroix
dans la galerie qui nous occupe, par exemple, quelques tableaux
romantiques comme Herminie et les bergers, sujet emprunté à la
« Jérusalem délivrée »; des peintures orientales : Choc de cavaliers
arabes, Joueurs d’échecs, Cavaliers grecs au milieu d’une forêt; puis un
Enlèvement de Rebecca (vente Sabatier, 1883), le Bonaparte en Italie de
la vente Clésinger (1868), etc., etc.
Théodore Rousseau est représenté par trois ouvrages : une petite
et charmante peinture dans la manière précieuse que le maître avait
empruntée aux Hollandais, la Rivière; une autre petite toile, le Sen-
tier, effet d’automne, et un tableau peint en grisaille, sans doute la
première préparation pour une toile plus importante : Lisière de la
forêt de Fontainebleau.
Nous donnons le dessin de l’un des deux Jules Dupré qui figurent
dans la collection, le Moulin à vent : c’est un bel ouvrage d’un maître
au faire puissant et fort entendu dans la mise en scène; l’autre,
également remarquable, représente un Cerf sous bois.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
cependant par la belle coulée de soleil qui incendie les fonds faisant
étinceler le rouge des tuiles et couvrant de paillettes d’or un tas de
fumier où picorent quelques poules.
On goûtera également le tableau la Porchère, dont nous donnons
une reproduction; il provient de la collection de M. Jos. Fau qui
l’avait acquis à la première vente Decamps en 1853. Le peintre de
genre se montre aussi sous un jour des plus favorables avec un
Paysan italien allumant sa pipe et des Petits mendiants. Ce dernier sujet,
peint à l’aquarelle, paraîtrait osé si Murillo ne l’avait traité avant
Decamps, et ne s’était complu à le répéter ; il n’est guère de musée,
en effet, qui ne montre un tableau de « Pouilleux » vrai ou faux,
mais toujours attribué au maître espagnol.
Je passe, à regret, sur les beaux paysages, les scènes de chasse,
les tableaux de sainteté et les études d’animaux qui complètent
l’important lot des Decamps, me bornant à signaler un dessin au
fusain, rehaussé de pastel et de gouache, où l’on voit, au milieu d’un
paysage oriental, Diogène jetant sa sébile. Ce dessin bien connu a passé
par les collections Didier et J. Fau.
La collection de M. S. Goldschmidt renferme dix ouvrages
d’Eugène Delacroix. Les Côtes du Maroc, superbe paysage-marine,
déjà vu et beaucoup admiré à l’Exposition des Cent chefs-d’œuvre, et
le Christ en croix de la collection Laurent-Richard sont trop connus
pour qu’il y ait lieu d’insister; l’intérêt de curiosité se portera sur
certaines toiles qui ont directement passé de l’atelier de Delacroix
dans la galerie qui nous occupe, par exemple, quelques tableaux
romantiques comme Herminie et les bergers, sujet emprunté à la
« Jérusalem délivrée »; des peintures orientales : Choc de cavaliers
arabes, Joueurs d’échecs, Cavaliers grecs au milieu d’une forêt; puis un
Enlèvement de Rebecca (vente Sabatier, 1883), le Bonaparte en Italie de
la vente Clésinger (1868), etc., etc.
Théodore Rousseau est représenté par trois ouvrages : une petite
et charmante peinture dans la manière précieuse que le maître avait
empruntée aux Hollandais, la Rivière; une autre petite toile, le Sen-
tier, effet d’automne, et un tableau peint en grisaille, sans doute la
première préparation pour une toile plus importante : Lisière de la
forêt de Fontainebleau.
Nous donnons le dessin de l’un des deux Jules Dupré qui figurent
dans la collection, le Moulin à vent : c’est un bel ouvrage d’un maître
au faire puissant et fort entendu dans la mise en scène; l’autre,
également remarquable, représente un Cerf sous bois.