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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 37.1888

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https://doi.org/10.11588/diglit.24191#0462

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426

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

On conçoit que, dans de telles conditions, une étude sur l’art chinois consti-
tuait une tâche bien difficile â remplir.

Au retour d’un voyage entrepris en Chine, M. Paléologue s’y est jeté avec une
ardeur toute juvénile. Nous devons lui en avoir un gré infini, car, grâce à lui,
nous tenons maintenant un fil conducteur qui nous permettra de pénétrer dans ce
labyrinthe. Jusqu’alors l’histoire de la civilisation artistique de la Chine paraissait
entourée d’une haute muraille à peu près infranchissable ; le Céleste Empire sem-
blait vouloir garder son secret avec un soin jaloux. M. Paléologue a voulu prouver
une fois de plus que la fortune souriait aux audacieux.

11 ne s’est pas adressé aux Chinois, qui ne savent rien ou ne veulent rien dire,
mais aux textes mêmes des anciens ouvrages publiés en Chine sur ces
matières. Ces ouvrages existaient dans les collections particulières ou publiques
de Paris et de Londres, et surtout dans le fonds chinois de la Bibliothèque
Nationale. Ce sont des mines précieuses qu’il fallait exploiter à l'aide de traduc-
tions bien faites. M. Paléologue y est parvenu, grâce au concours éclairé de
M. Devéria, secrétaire-interprète du ministère des affaires étrangères, et de
M. A. V issière, premier interprète de la Légation de France à Pékin. Il a mis à
profit l’expérience de ces deux érudits pour l’indication et la critique des sources,
pour la traduction des textes et le déchiffrement des inscriptions. M. Devéria a, en
outre, communiqué à M. Paléologue un important dossier de notes encore inédites,
qui lui a fourni la trame même du chapitre consacré à l’histoire de la peinture.

L’auteur de Y Art chinois avoue, avec beaucoup de modestie, que son ambition
s’est bornée à tracer une première esquisse que d’autres reprendront et dévelop-
peront plus tard. En posant ces jalons, il a rendu un service signalé à la critique
historique. La semence portera ses fruits. Le travail de M. Paléologue permet
d’espérer que le jour viendra où nous embrasserons dans ses détails cette longue
histoire de quarante siècles pendant lesquels s’est épanoui le génie artistique d’un
des plus grands peuples de la terre. Sans doute nous ne connaîtrons jamais l’art
chinois comme nous connaissons aujourd'hui l’art japonais, parce que les guerres
et les révolutions ont privé la Chine d’une partie des témoignages de son glorieux
passé, mais nous en saurons ce qu’il importe de savoir pour assigner à cette antique
civilisation la place qui lui est due, qui est une des premières, dans l’histoire du
développement de l’humanité. Ces résultats précieux, nous les devrons pour une
bonne part à la courageuse initiative de M. Paléologue.

La céramique chinoise avait déjà donné lieu, il est vrai, à de nombreuses et
importantes monographies. Rappeler les beaux travaux d’Hoffmann, de Stanislas
Julien, d’Albert Jacquemart, et de MM. Du Sartel, Franks, Billequin et Deck,
c’est indiquer l’état de nos connaissances. Les recherches de ces érudits et de ces
spécialistes ont été servies et encouragées par l’engouement séculaire des Euro-
péens pour les admirables produits de la Chine dans cette branche de l’art. Mais,
ni l’architecture, ni la sculpture, ni la peinture, ni le travail du bronze et des
pierres dures, ni l’émaillerie, ni la verrerie, n’avaient encore été l’objet d’études
d’ensemble ou d’investigations spéciales. Aujourd’hui grâce au volume de
M. Paléologue, les lignes générales de la chronologie de l’art chinois sont
établies; beaucoup de faits secondaires sont, en outre, connus et sont venus se
ranger à leur place respective dans ce tableau historique. Le voile est en partie
soulevé.
 
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