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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 37.1888

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Nr. 6
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Gonse, Louis: Claude Mellan, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24191#0508

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466

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

C’est ensuite la grande planche de Saint Jean-Baptiste dans le
désert (1629), dédiée au cardinal Barberini. Ce dernier morceau nous
montre l’artiste en pleine possession de ses ressources; les tailles
sont d’une liberté et d’une souplesse admirables ; la figure de saint
Jean, assis, les jambes croisées, est traitée très simplement et presque
partout à une seule taille; c’est la première planche où Mellan ait
fait l’expérience du parti qu’on pouvait tirer d’une taille unique dans
la représentation des formes qui demandent de l’éclat et de la déli-
catesse. La lumière qui vient d’en haut, frise les chairs et les éclaire
de reflets transparents; le fond de paysage, habilement coloré, les
met en valeur de la façon la plus heureuse. La tète du saint, comme
toujours, est traitée en portrait. La composition est de Mellan et
lui fait honneur. Dans l’histoire de la gravure au burin, cette pièce,
aussi neuve que hardie, marque une date qu’il faut retenir ; car, en
tout, Mellan a été un oseur et un innovateur, je dirai même un pré-
curseur. Il y a dans cette belle académie, encadrée de paysage —
liberté singulière pour l’époque — je ne sais quoi qui, en les sur-
passant au point de vue technique, fait songer aux gravures de Roger
et de Copia d’après Prud’hon.

Mariette, en homme du métier, s’extasie sur les mérites de cette
pièce. « On ne m’en montrera point, dit-il, où il règne plus d’harmonie
ni plus d’intelligence. La figure du saint paraît extrêmement brillante,
et elle est tout à fait de chair, quoiqu’elle soit presque entièrement
dans la demi-teinte, et qu’elle soit seulement éclairée par éclats
sur quelques-unes de ses extrémités. » Cette magie, Mellan l’a obtenue
par une taille pure et moelleuse, « dont la flexibilité lui répondait
que la finesse de la chair serait exprimée avec cette grâce que le
pinceau seul peut donner ».

J’attribuerais à cette période (1628-1630), et plutôt au commen-
cement qu’à la fin, la Madeleine couchée dans une grotte, planche d’une
extrême délicatesse et, cas insolite dans l’œuvre de l’artiste, en
partie gravée au pointillé. Cette Madeleine est dédiée à Guillaume
Barclay, fils de ce Jean Barclay, dont Mellan avait gravé le portrait.
A la même période appartient aussi une des plus jolies œuvres de
la manière romaine, la Dalila coupant les cheveux de Samson endormi
sur ses genoux, gravée en pendant du Loth entre ses filles. Les deux
figures .sont encore des portraits. La Dalila est celui d’une fort
belle fille, et le Samson, vu en profil perdu, est, à n’en pas douter,
avec ses mèches, sa moustache retroussée, son nez en l’air, celui de
Mellan lui-même. Il est permis de supposer que cette jolie composi-
 
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