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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
d’Arundel, dont Langlois « était le commissionnaire affidé ». Le
- célèbre amateur voulait adjoindre, aux graveurs qu’il employait
déjà, comme W. Hollar, Van der Borcht, Luc Vosterman, un artiste
dont la renommée était parvenue jusqu’à lui. Celui-ci quitte Rome à
la fin de juin ou au commencement de juillet, il s’arrête à Aix chez
Pereisc avec lequel il était en relations ; Gassendi lui demande de
graver les phases de la Lune pour un grand ouvrage qu’il prépare.
Mellan grave d’abord la pleine Lune d’après une peinture d’un nommé
Claude Sauvé, d’Auvergne, puis, d’après ses propres dessins, et dans
un sentiment plus libre et plus exact, la Lune croissante et la Lune
décroissante. Alors, au lieu de continuer son voyage vers Paris et
vers Londres, il revient en Italie, passe par Gènes où la famille
Giustiniani le retient pendant quelques semaines, lui faisant les
ouvertures les plus avantageuses, et se trouve de nouveau dans
la Ville éternelle au commencement de l’année 1636.
Il grave, cette année même, à Rome, deux portraits qu’il a pris
soin de dater : Rome, 1636, et qui comptent parmi les plus excellents
de sa période romaine.
Ce sont les portraits de Maddalena Corvina, « pittrice et minia-
trice », et à’Alphonse de Richelieu, l’archevêque de Lyon, frère du
cardinal. Nous ajouterons, à l’appui de notre dire, qu’Alphonse de
Richelieu avait précisément été envoyé à Rome, en 1635, pour
négocier avec la cour papale, non comme ambassadeur en titre,
mais comme représentant chargé d’une mission temporaire L Mellan
l’aurait donc dessiné à Rome en 1635; les dates concordent parfai-
tement.
Les deux œuvres sont des plus frappantes. Elles marquent un
pas décisif dans l’évolution du talent de l’artiste. La main du graveur
s’y montre d’une sûreté sans égale; le travail est ferme, souple,
transparent; les ombres noires ont entièrement disparu; les contre-
tailles n’apparaissent plus que par endroits, dans les fonds ; la manière
de Mellan est désormais dégagée de toutes les recettes apprises, elle
dit ce qu’elle veut dire, dans une langue qui lui est personnelle et
que nul n’avait encore parlée.
Enfin Mellan, ayant mis ordre à ses affaires, quitte Rome, au
commencement de 1637, et, il est permis de le supposer, sans esprit
de retour; il revient à Aix, où nous le trouvons, d’après une lettre
adressée au même Langlois, à l’époque du carnaval. C’est alors qu’il
1. Yoy. VEncyclopédie de Migne
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
d’Arundel, dont Langlois « était le commissionnaire affidé ». Le
- célèbre amateur voulait adjoindre, aux graveurs qu’il employait
déjà, comme W. Hollar, Van der Borcht, Luc Vosterman, un artiste
dont la renommée était parvenue jusqu’à lui. Celui-ci quitte Rome à
la fin de juin ou au commencement de juillet, il s’arrête à Aix chez
Pereisc avec lequel il était en relations ; Gassendi lui demande de
graver les phases de la Lune pour un grand ouvrage qu’il prépare.
Mellan grave d’abord la pleine Lune d’après une peinture d’un nommé
Claude Sauvé, d’Auvergne, puis, d’après ses propres dessins, et dans
un sentiment plus libre et plus exact, la Lune croissante et la Lune
décroissante. Alors, au lieu de continuer son voyage vers Paris et
vers Londres, il revient en Italie, passe par Gènes où la famille
Giustiniani le retient pendant quelques semaines, lui faisant les
ouvertures les plus avantageuses, et se trouve de nouveau dans
la Ville éternelle au commencement de l’année 1636.
Il grave, cette année même, à Rome, deux portraits qu’il a pris
soin de dater : Rome, 1636, et qui comptent parmi les plus excellents
de sa période romaine.
Ce sont les portraits de Maddalena Corvina, « pittrice et minia-
trice », et à’Alphonse de Richelieu, l’archevêque de Lyon, frère du
cardinal. Nous ajouterons, à l’appui de notre dire, qu’Alphonse de
Richelieu avait précisément été envoyé à Rome, en 1635, pour
négocier avec la cour papale, non comme ambassadeur en titre,
mais comme représentant chargé d’une mission temporaire L Mellan
l’aurait donc dessiné à Rome en 1635; les dates concordent parfai-
tement.
Les deux œuvres sont des plus frappantes. Elles marquent un
pas décisif dans l’évolution du talent de l’artiste. La main du graveur
s’y montre d’une sûreté sans égale; le travail est ferme, souple,
transparent; les ombres noires ont entièrement disparu; les contre-
tailles n’apparaissent plus que par endroits, dans les fonds ; la manière
de Mellan est désormais dégagée de toutes les recettes apprises, elle
dit ce qu’elle veut dire, dans une langue qui lui est personnelle et
que nul n’avait encore parlée.
Enfin Mellan, ayant mis ordre à ses affaires, quitte Rome, au
commencement de 1637, et, il est permis de le supposer, sans esprit
de retour; il revient à Aix, où nous le trouvons, d’après une lettre
adressée au même Langlois, à l’époque du carnaval. C’est alors qu’il
1. Yoy. VEncyclopédie de Migne