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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 37.1888

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Nr. 6
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Bode, Wilhelm von: La Renaissance au Musée de Berlin, 4, Les peintres florentins du XVe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24191#0528

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486

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

compte en comparant entre elles la Madone et la Vénus qui se font face
dans la galerie, les figures de femmes idéalisées de Sandro ont en
général presque toutes le même type. Bien que les raccourcis
de la tète, représentée presque de profil, ne soient pas absolument
exacts, la chaste expression du visage, l’arrangement fantastique des
cheveux enguirlandés de perles, la fraîcheur extraordinaire et l’éclat
des couleurs donnent à ce tableau un charme tout particulier.

La Vénus (n° 1124), que nous venons de citer comme étant vérita-
blement une œuvre de Sandro, est considérée par Morelli comme
étant une copie d’élève d’après la déesse du tableau si connu : la Nais-
sance de Vénus, qui se trouve aux Offices. Elle me parait être plutôt
une des œuvres attrayantes de la collection de Berlin et je ne vois
en elle, avec sa tête traitée en portrait, la brillante couleur de ses
chairs, son exécution fine, charmante et naturelle, qu’une étude du
célèbre tableau décoratif de la villa de Laurent le Magnifique. Dans
ce dernier tableau, l’artiste cherche à faire paraitre un peu plus
animée la figure de la déesse, qu’il représente cependant dans
l’attitude calme de la statue des Médicis et dont il fait flotter les
cheveux de côté, comme s’ils étaient agités par le vent. Par un fond
uniforme, fin et gracieux, il tâche, dans le tableau de Berlin, de faire
ressortir encore davantage l’éclat des chairs, la transparence et en
même temps le poli marmoréen de la peau. C’est là un moyen
d’augmenter l’effet tout particulier à Sandro ; il l’a employé par
exemple dans son Portrait de femme. Cette circonstance, que le même
fond se retrouve sur le portrait de jeune homme (n° 98), attribué
à Filippino Lippi, me paraît, précisément, soulever la question de
savoir s’il n’est pas plutôt, lui aussi, l’œuvre de Sandro. Toutes les
autres particularités accessoires : les lignes accentuées de la bouche
et des yeux, les ombres noires, les contours vigoureux, me paraissent
aussi témoigner en faveur de ma supposition.

Il y a encore un autre tableau plus grand de Sandro, qui fait
aujourd’hui pendant à la Vénus, dont il n’est certainement pas
indigne et qui a porté jusqu’à ces derniers temps un autre nom que
le sien. C’est le Saint Sébastien (n° 1128), autrefois attribué à Antonio
Pollajuolo. Crowe et Cavalcaselle rangent cette peinture parmi les
œuvres des deux Pollajuoli; toutefois, en faisant remarquer qu’il
est permis de mettre en avant le nom de Sandro à propos de ce Saint
Sébastien. Non seulement le fait que ce tableau n’est pas peint à
l’huile, mais encore le genre d’exécution, la couleur claire, le type
et le dessin de la tête, le ton pâle et sobre du paysage [parlent d’une
 
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