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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 4.1890

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Albert, Maurice: Le salon des Champs-Élysées, 2, La sculpure
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https://doi.org/10.11588/diglit.24448#0069

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60

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

ce marbre, sinon la reproduction du tableau exposé l’an dernier par
l’auteur, sous le titre de Junon?

Oui, sans doute; et pourtant cette fois-ci, M. Falguière, averti
par des critiques justifiées, n’a donné à sa statue que ce titre très
humain : Femme an paon, — un paon qui, soit dit en passant, n’est là
que pour servir de support. — L’artiste a bien fait. Comment l’au-
guste déesse du mariage, que les statuaires d’autrefois représen-
taient toujours le corps enveloppé d'un long voile et chastement
drapée, dans une attitude noble et grave, avec des formes pleines,
une taille imposante, le visage encadré .de cheveux ondulant en
boucles majestueuses sous la couronne royale, pourrait-elle être
devenue cette petite femme à la très petite tête, toute nue, toute fine
et légère, très moderne de figure, d’expression, de coiffure, et qui de
l’Hêra antique n'a conservé qu’un certain air de hauteur dédaigneuse,
dû non au titre de souveraine des dieux, qu’elle n’a pas le droit de
porter, mais à la conscience qu’elle a de sa beauté? Au moins, si
elle n’est pas Junon, la Femme au paon ressemble-t-elle un peu à une
déesse par l’harmonieuse pureté de ses formes, la grâce délicate
de ses membres souples, la finesse exquise de sa chair savoureuse.
Elle est en réalité, comme la Futura de M. Vacquerie, une fille de
l’Art antique et de la Pensée moderne.

A l’école de M. Falguière se rattache un groupe de sculpteurs qui
doivent en partie à leur maître le culte de la beauté nue, des formes
et des proportions élégantes. C’est là, à cette source toujours féconde,
que trois d’entre eux notamment, MM. H. Lemaire, Puech et Mar-
queste, ont cette fois encore puisé l’inspiration. Mais, pour bien
juger la Vénus de M. Lemaire, il faut attendre qu’elle nous revienne
sous sa forme définitive. En passant du plâtre au marbre, une statue
se modifie si complètement, s’améliore si visiblement! La Diane de
M. Falguière, très différente en 1887 de ce qu’elle était en 1883, reste
une preuve mémorable de ces bienheureuses transformations; et
M. H. Lemaire ne s’étonnera pas si, en présence de son groupe, un
exemple pris dans l’œuvre de son maître se présente à notre mé-
moire, et nous invite à réserver notre jugement. Bornons-nous à sou-
haiter que d’ici là sa Vénus se fasse une autre tête, plus divine.

« Les Sirènes, dit encore Homère, enchantent tous les hommes
qui vont vers elles. L’imprudent qui les approche et les écoute, ne
voit jamais plus sa femme et ses enfants venir au-devant de lui, à
son retour dans sa maison. » C’est une de ces muses de la mer qu’à
représentée M. Puech. Blanche comme l’écume qui jaillit autour
 
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