Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 4.1890)

L’ART DÉCORATIF

DANS LE VIEUX PARIS

(troisième article1.)

II

l’université (suite).

;ns notre article précédent, nous avions dé-
ploré la dispersion des peintures composant
le salon, remonté par Demarteau le neveu,
dans la maison de la rue du Cloitre-Saint-
Benoît, qui en attendant sa démolition pro-
chaine, a gardé les consoles à guirlande de
sa façade étriquée et les sculptures de sa
porte d’entrée. Nous sommes heureux d’an-
noncer que M. Groult a pu racheter récem-
ment les pièces de ce remarquable ensemble décoratif, qui lui man-
quaient, et qu’il les fait reconstituer dans une des salles de sa
galerie. Cette disposition nouvelle permet d’étudier ces peintures
bien plus commodément qu’il n’avait été possible de le faire à
l’hôtel des Ventes. Tout d’abord on voit que le lambris du salon ne
comportait pas deux portes à deux vantaux, comme nous l’avions cru,
mais quatre portes, dont deux feintes, au-dessus desquelles se trou-
vaient placés les sujets relatifs aux amours des colombes. Il ressort
en outre de cet examen, une conviction, c’est que tous les panneaux
sont dus à Boucher, qui a probablement emprunté l’aide de ses élèves
pour l’achèvement des fleurs, des paysages, des oiseaux et des acces-
soires, mais que Fragonard n’y est pour rien. L’un des amours
semble à première vue se rapprocher de sa manière plus que de celle
de Boucher; c’est la conséquence du nettoyage un peu radical qu’a
subi cé panneau, et sous les glacis enlevés, on retrouve le modelé
gras et. ferme de Boucher.

1. Voy. Gazette, des Beaux-Arts, 3e période, t. IV, p.' 185 et 394.