Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 4.1890)

SILHOUETTES DE COLLECTIONNEURS

M. EUDOXE MARCILLE

(deuxième et dernier article1.)

ne autre passion tout aussi profonde, ou plutôt la
même à l’état de service public, absorbe aussi
M. Marcille sans le distraire en rien de la béati-
tude de son intérieur : c’est, chacun le devine,
le Musée d’Orléans, ou pour dire plus juste, son
Musée d’Orléans, car elle est bien sa chose en
propre la jolie galerie municipale. Il l’a recréée
â nouveau, il l’aime comme sa fille d’adoption et
la dote presque chaque année de sa cassette personnelle pour ne pas
la voir trop souffrir des rigueurs du budget de la ville. A cette sollici-
tude de tous les jours, elle gagnait vite en accroissements de choix,
et la voilà l’une des premières de France. La popularité de M. Mar-
cille, à Orléans, produit même une confusion réjouissante, et il devient
impossible au voyageur de savoir si M. Marcille est le Musée ou si le
Musée n’est pas M. Marcille. Cette soudure désormais légendaire a
dû s’imposer bien irrésistiblement, car on connaît l’ingratitude
absolue des villes pour toutes les sortes de bienfaiteurs ! Nous vous
Ions même croire à un miracle de la bonté entraînante de M. Mar-
cille, tellement la reconnaissance française nous fait l'effet d’une
sauteuse ! Pas de mois où ce Conservateur acharné ne travaille sous
main soit un collectionneur de l’Orléanais, soit un artiste né natif...,
toujours en vue de ses panneaux. Aussi les dons se succèdent avec

1. Voy. Gazette des Beaux-Arts, 3e période, t. IV, p. 217.