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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 4.1890

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Nr. 3
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Hymans, Henri: Correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24448#0290

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CORRESPONDANCE DE RELGIQUE

a Belgique a vu s’accomplir, au cours des dernières semaines, un certain
nombre d’événements artistiques attendus avec quelque curiosité. Le
mot d’événement n’a rien d’excessif. 11 s’agit, en effet, de la venue à
maturité d’un ensemble de projets destinés à marquer le point de
départ d’une direction nouvelle imprimée aux études, ce qu’en langage moderne
il est convenu d’appeler une évolution. A quelques jours d’intervalle nous avons
assisté, à Anvers, à l’ouverture des Musées de peinture et d’antiquités dans les
locaux préparés pour eux; à Bruxelles, à l’inauguration d’un musée d’art décoratif
industriel, dont le Musée des Antiquités, à son tour transformé, constituera désor-
mais comme une dépendance. On a disposé, à cet effet, d’une partie des bâtiments
érigés en 1880 sur le plateau qui domine la rue de la Loi et qui porte aujourd’hui
le nom de Palais Cinquantenaire. C’est là qu’eurent lieu, en 1880, et plus tard
encore, en 1888, les splendides expositions de l’art ancien dont le souvenir est resté
cher aux curieux.

S’il est de l’essence même des choses intellectuelles de laisser toujours un vaste
champ à l’amélioration, à plus forte raison doit-il en être ainsi chez les nations
jeunes. Il semble que chez elles l’entreprise publique soit tenue de passer par les
phases multiples d'un provisoire plus ou moins prolongé avant d’arriver à une réali-
sation aussi parfaite que possible. C’est presque un axiome qu’en Belgique rien n’est
durable comme le provisoire.

Nos collections d’art en général, on l’a vu plus d'une fois par ces correspon-
dances, ont gravement pâti du long espace de temps qu’il a fallu pour faire
ressortir l’importance de leur rôle autrement qu'au simple titre de la délectation
des yeux. De précieuses occasions de les enrichir ont été par là négligées, et s’il
n’est point contestable que nous voici entrés dans des voies nouvelles et plus
fécondes, force est de s’avouer que tout le bon vouloir du monde aura grand’peine
à réparer les indifférences et les erreurs d’un long passé.

Il ne semble point que la Belgique puisse s’attendre à voir jamais se reformer
des collections d’importance égale à celles qu’elle a perdues à l’époque où tout ce
qui tient à la Curiosité avait un prix bien moindre qu’au temps actuel. L’étranger
a fait sur notre sol une telle moisson de richesses artistiques, que l'on est presque
en droit de se dire que ce qui n’a point été emporté ne pouvait pas l’être. Pour
enrichir désormais nas collections, nous n’avons d’autre ressource que d’affronter,
à beaux deniers sonnants, la concurrence générale, perspective médiocrement
réjouissante si l’on songe aux forts capitaux que doit exiger une telle manière
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