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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 4.1890

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Nr. 4
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Müntz, Eugène: Le musée de l'École des Beaux-Arts, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24448#0325

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LE MUSÉE DE L’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS.

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frère de Mantegna, à Gentil Bellin 1. Vénitienne, cette belle étude,
d’une facture si libre et d’une expression si recueillie, l’est assuré-
ment. Mais, jusqu’à plus ample informé, je crois qu’il est sage de ne
pas mettre en avant un nom déterminé. Eii effet, les dessins de Gentil
Bellin témoignent en général d’une recherche du caractère, d’une
curiosité que l’on ne constate pas ici.

L’Italie du Nord compte en outre à son actif un dessin très nourri
et très savoureux (à la plume, avec des rehauts blancs) : Saint Martin
partageant son manteau avec un pauvre. Le cheval se distingue par sa
puissante encolure, les personnages par un mélange de réalisme et de
réminiscences classiques. On sent que les Primitifs vont faire place
à une génération plus savante et plus brillante, mais moins sincère.
On devine en même temps, à certaines lourdeurs, le voisinage de
l’Allemagne. Il ne serait pas impossible d’ailleurs, malgré les appa-
rences, que le dessin datât déjà des premières années du cinquecento.

Avant d’aborder le xvie siècle, je citerai encore un projet de
vitrail, le Christ et Saint Pierre, dessin à la plume d’une facture assez
rude, dû à quelque maître suisse, et un très curieux dessin français,
également à la plume, léger, précis et non sans distinction, représen-
tant quatre personnages agenouillés, les mains jointes : une princesse,
sa suivante, et deux chevaliers, nu-tête, avec une sorte de blouse
jetée par-dessus leur armure. Il s’agit probablement de personnages
historiques. Peut-être notre confrère, M. Henri Bouchot, qui connaît
si bien l’iconographie de cette époque, réussira-t-il à mettre un nom
sur ces inconnus. En attendant la solution du problème, j’insiste sur
les qualités très sérieuses de ce dessin, sur sa sobriété, sur sa finesse.
On y sent je ne sais quel goût du terroir, et on devine sans peine
qu’il existait en ce moment en France certains artistes qui ne devaient
rien à personne, qui étaient aussi éloignés de l’Italie que de la
Flandre.

EUGÈNE MUNTZ.

(La suite prochainement.)

1. Catalogue descriptif des Dessins de Maîtres anciens exposés ci l’École des Beaux-
Arts, mai-juin 1879, n° 180. Le dessin a été photographié par Braun.
 
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