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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 4.1890

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Nr. 6
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Ephrussi, Charles: François Gérard, 1: d'apres les lettres publiées par M. le Baron Gérard
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https://doi.org/10.11588/diglit.24448#0510

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466

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

dans les lettres avec une étude sur le Salon de 1810 U François
Guizot. Après avoir comparé l’esthétique de Girodet et celle de
Gérard, le jeune critique donne la préférence au dernier :

« On reconnaît en lui un artiste qui, ayant d’être peintre, est homme de sens et
qui compose son tableau avec son jugement avant de l’exécuter avec ses pinceaux.
Quelle sagesse dans l’ordonnance générale et quelle adresse dans les combinaisons
des groupes dans les poses des figures, pour conserver la clarté au milieu d’une
action si vaste 1... »

Après des réflexions sur l’ensemble, M. Guizot apprécie les figures
principales :

« Que dire de l’heureux contraste qu’a établi le peintre entre l’élan de l’une et le
calme de l’autre? Le général Rapp arrive; il vient annoncer à l’Empereur que la
garde impériale russe est repoussée; son cheval, lancé en plein galop, s’arrête tout
à coup devant Sa Majesté : le généreux animal, blessé de plusieurs coups de sabre,
semble partager la joie de son maître, blessé lui-même; celui-ci le retient, le sou-
tient sur les jambes de derrière, et de l’air d’un guerrier trop échauffé encore
pour que l’orgueil de la victoire ait remplacé sur son front l'ardeur qu’il portait
au combat, déclare son heureuse nouvelle à l’Empereur, tranquillement assis sur
son cheval immobile et ne lui répondant que par un air de satisfaction calme
répandu sur son visage. Que l’imagination emploie tout son pouvoir à se repré-
senter un groupe si heureusement conçu, qu’elle en anime à son gré les figures,
qu’elle leur donne l’expression la plus saisissante, la plus vraie, elle ne surpassera
pas le travail du peintre; que le jugement vienne ensuite en examiner les diverses
parties, il reconnaîtra partout la trace d’une raison sûre et d’un sens exquis ;
qu’un connaisseur, épris de la beauté, jette à son tour sur ce tableau des regards
exigeants, il n’y verra ni exagération, ni figure hideuse et saura gré au peintre
des efforts qu’il a faits pour mettre du beau là où il pouvait trouver place : la tête
du général Rapp 2 est remarquable sous ce rapport. »

Ce chaleureux éloge est suivi de quelques critiques de détail :
M. Guizot relève certains défauts dans la distribution de la lumière qui
n’éclaire pas assez les premiers plans, dans le dessin un peu faible
des mains, dans le cheval de l’Empereur qui lui parait un peu raide.

d. De l’état clés Beaux-Arts en France et du Salon de 1810, par Fr. Guizot.

2. Rapp, le second personnage, sinon le premier de cette page d’histoire, voulut
en avoir une copie. « Le Moniteur, mon cher Gérard, fait un éloge bien mérité de
votre tableau d’Austerlitz ; le public devait s’attendre à un essai aussi heureux pour
une première bataille que vous nous donnez. Recevez-en mon compliment bien
sincèfe. Vous m’avez, dans le temps, promis une copie qui doit être pour moi un
monument de famille... Je voudrais toujours avoir votre Psyché; ne serait-il pas
possible d’en faire l’acquisition? » (Décembre, 1810.) La Psyché fit en effet partie
de la belle galerie du général.

CHARLES EPHRUSSI.

(La suite prochainement.)
 
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