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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 4.1890

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Lostalot, Alfred de: Revue musicale
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https://doi.org/10.11588/diglit.24448#0097

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REVUE MUSICALE.

87

Le Rêve est l’occasion d’un nouveau triomphe pour M1K Mauri; à côté d’elle,
on applaudit MM. Vasquez et Pluque, Mlles Invernizzi et ïorri. L’Opéra
reste toujours un remarquable théâtre de ballets; c’est incontestable; nous
regrettons de ne pouvoir ajouter qu’il remplit avec la même distinction la
seconde partie de sa tâche, qui est, de beaucoup, la plus importante.

Nous pensons depuis longtemps, et nous avons écrit, que de tous les
musiciens de l’École française actuelle, M. Messager semble être le plus apte
à recueillir la succession en déshérence des maîtres de l’opéra-comique. Le
succès de la Basoche nous donne raison et nous sommes particulièrement heu-
reux de cette consécration nouvelle que vient d’obtenir le « genre national »,
cet aimable genre dont on plaisante si volontiers depuis quelque temps.

La pièce due à M. Albert Carré est fort amusante, mais elle ne gagnerait
pas à être contée; c’est une succession ininterrompue d’imbroglios souvent
un peu lestes et plus appropriés au genre de l’opérette. L’auteur se débrouille,
d’ailleurs, avec tant d’adresse dans les fils qu’il a tendus que les puristes
de l’Opéra-Comique, s’il en est, sont désarmés par le rire. M. Messager s’est
bien gardé d’imiter le débraillé de son collaborateur; il a tenu à se présenter
dans une tenue plus digne du « genre national ». Son succès a été grand.
Chaque soir on redemande la plupart des morceaux (il y en a dix-neuf), qui
composent cette aimable partition delà Basoche. Depuis Y Amour médecin de
M. Poise, il ne nous était jamais arrivé de nous trouver à pareille fête. Et
nous avons constaté, avec plaisir, que nous n’étions pas seuls à goûter le
charme d’une musique fine, élégante, abondante en idées mélodiques d’un
tour facile et qui s’accommode parfaitement de toutes les parures de
l’orchestration pourvu qu’on y mette du goût et de la discrétion.

M. Fugère, l’un des meilleurs chanteurs et des plus lins comédiens que
nous ayons à Paris, remporte un succès considérable dans le rôle du duc
de Longueville, époux de Marie d’Angleterre, par procuration et pour le
compte du bon roi Louis XII. Le baryton, M. Soulacroix, en Clément Marot,
roi de la basoche, n’a pas été moins heureux : un duo d’amour très vibrant
avec M118 Molé ïruffier, lui a valu une longue ovation. Enfin les autres rôles
sont très bien tenus par Mme Landouzy, MM. Barnolt et Carbonne. L'Opéra-
Comique tient un succès : l’affluence du public n’est pas moins grande au
théâtre de la place du Châtelet qu’elle ne l’eût été à celui de la place
Boïeldieu. Ceci prouve clairement que l’avenir de notre seconde scène
lyrique ne dépend nullement de la reconstruction du théâtre incendié.

P.-S. Signe des temps : après l’Odéon, c’est à l’Hippodrome qu’il faut
aller pour recueillir des impressions nouvelles en matière d’art; ici une
œuvre méconnue du passé, là une heureuse tentative de rajeunissement
dans le domaine lyrique. La Jeanne d’Arc que viennent de nous donner
M. Berlhier et son intelligent directeur M. Iloucke, comptera parmi les
spectacles les plus impressionnants de l’époque. La musique que M. AVidor
a écrite sur cette légende mimée est digne du sujet : nous parlerons plus
longuement de cette belle représentation dans la Chronique des arts.

ALFRED DE LOSTALOT.
 
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